Lotus : Winner Contest #8
Chapitre I - La rencontre


      
1



Une robe de lumière s'étalait sur l'eau bleutée de la cascade. Lotus guettait, ses beaux yeux marrons scrutant au travers des branchages du petit bois. De son point d'observation où elle avait ses habitudes, elle se délectait de la scène qui s'offrait à elle. Au grand bonheur de la jeune demoiselle, un homme venait chaque jour profiter nu de la fraicheur de l'eau.

L'éphèbe, elle le savait, était Chevalier de l'Ordre de JMB. Sa monture harnachée au tronc d'un hêtre plusieurs fois centenaire, il avait confié à l'ombre du géant sa lourde cuirasse de bronze et d'argent mêlés. Ses pièces d'armure ainsi que ses armes, un écu et un glaive forgés des mêmes métaux, jouaient de la lumière que la ramure laissait filtrer. A la surface du bouclier, un gobelin streetwear et armé d'un trident souriait de ses belles dents blanches. Le Seigneur ne manquait pas d'humour.

Un preux chevalier. De si nombreux soirs elle s'était assoupie, la sibylle s'éclipsant pour laisser place à une Générale d'Armée assoiffée de folles conquêtes. Elle vivait ses rêves. A ses ordres, des milliers d'hommes endurcis lui témoignaient loyauté. Ces gaillards là ne connaissaient pas le mot capitulation. Chaque nuit apportait son lot d'aventures et de mystères. Et si certains restaient toujours à élucider, il y en avait un que tous finissaient par lui montrer...

Son rêve était là bien éveillé. A présent assis sur la berge de la rivière en bouillon, l'homme s'humidifiait le corps. Elle sentit affluer en elle la chaleur d'un désir ardent. Son regard fébrile allait, s'attardant sur les muscles saillants des bras de sa future proie, remontant au niveau de ses yeux d'un noir profond, de ses cheveux bruns roux ténébreux, avant de replonger une nouvelle fois au niveau de ses membres qu'elle grillait de connaître. L'eau glissait sous lui. De nouveau cette braise au creux des reins. Elle sentait le mana y pétiller, au bord même de la brûlure. Un wumpus en rut se serait trouvé dans les environs qu'elle y serait passée, encore qu'elle y aurait fait contre mauvaise fortune bon coeur. L'être était là, l'être était beau. L'être était nu. Le peu de conscience qui lui restait se noyait dans une lucidité mêlée de folie: elle ne devait pas s'abandonner.

A regret, mais aussi à raison, elle décida d'abréger sa contemplation. Elle ne possédait pas le pouvoir de passer hors-phase, s'attarder davantage serait le moyen le plus sur de se faire repérer.

A demain mon chéri.

Sur un ultime regard, elle clôt les yeux et prit de profondes inspirations. Son coeur se remit peu à peu de sa chamade. Lorsqu'elle se sentit à nouveau maîtresse d'elle-même, elle revint sur ses pas. Peut-être n'était-elle pas entièrement satisfaite, mais elle se sentait bien mieux maintenant.

Lotus habitait une vieille bâtisse au coeur de la forêt, accompagnée de deux gobelins, Gnouk et Dido, qu'elle avait recueillis alors qu'ils n'étaient encore qu'enfants. Elle vivait de chasse et de cueillette, accessoirement de pêche, et il pouvait lui arriver de pratiquer le troc lorsque les gobelins des montagnes vadrouillaient. Mais que pouvait-elle attendre de créatures qui haïssaient les elfes ?

Lotus se raidit. Sous ses pieds, une branche venait de rompre.

La voix du nageur monta, sombre et grave : Qui va là ?!

La jeune nymphe ne bougea plus. Elle ne savait que faire. Elle entendit l'homme sortir de l'eau et se revêtir. Le bruit de sa lame se fit net lorsqu'elle fut retirée de son fourreau. Cela la refroidit d'un coup, ce dont elle se serait étonnée en d'autres circonstances. Lotus s'autorisa un bref regard vers la berge. Elle y vit son inconnu armé et le torse encore humide de sa baignade. Il s'approchait à présent des branchages où elle s'était tenue à peine deux minutes auparavant.

Je sais que vous êtes là. Montrez-vous !

Bien qu'encore protégée de la pénombre, la petite elfe se savait condamnée à être vue. Il allait la voir, lui parler. Elle, passerait à l'action. La peur subite qui s'était emparée d'elle fondit en plaisir.

Et elle sourit.



2


Les joues plus empourprées que jamais, elle suivit le jeune noble jusqu'aux bords ensoleillés de la berge. Ses yeux vagabondaient de gauche à droite et de droite à gauche, au rythme des deux petites fesses délicates qui se mouvaient, provocantes, au travers d'un caleçon à coeurs ma foi fort guerriers.

Je dois cesser cela s'adjura-t-elle. Gauche, droite, gauche, droite. Penser à autre chose, penser à autre chose… L'Ancien Monde se fit alors net en elle. Les cauchemars de chairs et de haine, le vent hideux de mort soufflant sur les plaines, les corps sans âme, le malaise tourmenté des martyrs dont le destin avait voulu qu'ils en possèdent une. Tout était bon pour se sortir de la tête ces petites fesses, ces fesses fermes et délicates, ces fesses venues d'un autre monde, ces fesses… RAAAAAAAAHHHHHHH!!!!...

Mais l'homme s'arrêta pour ramasser son pantalon et elle fut soulagée de pouvoir le devancer.

Lorsqu'ils furent arrivés auprès de la monture, celle-ci lâcha un léger hennissement, comme pour saluer la nouvelle venue. Son maître lui caressa le museau Du calme, ma belle. La main à hauteur des naseaux, la jument se mit à la lui lécher tendrement, montrant ainsi qu'elle resterait calme sa vie durant s'il le souhaitait.

Puis le silence s'installa. Au contraire de l'animal, l'homme ne semblait pas serein. Seul son dos s'offrait à la vue de la sibylle, mais elle pouvait sentir naître chez son baigneur les germes du soupçon, de la gène et de la colère. Sur ses gardes, elle le vit lui faire face, ombre dans l'ombre.

Je veux tout savoir.

Amusée, Lotus ne put réprimer un sourire. Devant elle, se tenait un homme d'armes, affublé d'un caleçon à coeurs, pantalon à la main, semblant embarrassé qu'une jeune femme lui ait volé un peu d'intimité. Les messieurs qu'elle avait eu à connaître ne s'étaient jamais offusqués d'une telle formalité.

Veuillez m'excuser, souria-t-elle. Je ne voulais pas vous offenser.

Prenant soudainement conscience de son accoutrement, l'homme s'empressa d'enfiler son pantalon, plus rouge encore qu'un gobelin coulant un bronze.

Lotus rit. La beauté se mêlait d'une maladresse touchante, désarmante. A la lueur de cette timidité masculine, une certitude qui ne manquait pas d'épices. Oubliant ses pulsions primitives, placardées au plus profond de son âme, une nouvelle gamme de sentiments faisait surface.

Elle prit le Vieil Astre à témoin: elle tombait amoureuse.



3



Le soleil de l'été pointait haut dans le ciel. Aussi s'étaient-ils assis au pied de l'ancêtre, nom que donnaient affectueusement les elfes à ces arbres dont l'âge se perdait. Haut de cime, ses épaisses branches offraient alentours une pénombre bienvenue. Ici et là, quelques raies de lumière dansaient sur eux. Le ciel, partout, offrait son bleu éclatant. Au loin, une volée d'oiseaux s'en allait vers la montagne. Le silence de la clairière se faisait doux, et l'on pouvait, en tendant l'oreille, distinguer dans la verdure environnante le bruit d'une troupe d'écureuils en vadrouille.

Les genoux remontés contre la poitrine, les bras serrés contre les tibias, Lotus regardait en coin son prince d'un jour. Ce dernier avait à présent plus fière allure. Pantalon remis, il arborait une chemise couleur de chaumes qui contrastait avec la couleur de ses joues. Car le soldat lui avait demandé des comptes, et il n'en a pas été déçu : elle lui avait tout révélé, jusqu'à certains détails dont il se serait bien volontiers passé. Les yeux mi-clos, l'homme paraissait rechercher dans la quiétude des lieux la sérennité dont il était nullement pourvu.

Mais elle, n'était-elle pas plus confuse que lui? N'éprouvait-elle pas le sentiment de se vider à la vue de ce regard angélique ?

Se sentant observé, il tourna la tête et fut à son tour amusé: la jeune fille, prise sur le fait, venait de détourner vivement le regard, comme prise subitement d'intérêt pour un banal rocher en contrebas. Etrange pour une demoiselle qui s'était alors montrée si légère.

Vous vous appelez ?

Lotus, sembla-t-elle répondre au caillou, rosie.

Au devant de sentiments jusqu'alors inconnus, la belle nageait dans le trouble. Quelque chose se passait, quelque chose dont elle avait aucun contrôle. Les yeux pétillants, elle se sentit monter l'âme : Et je crois bien être devenue folle de vous.

...
Blanc.

L'homme-brique s'en fut bon pour un petit remontant. De la poche avant droite de sa chemise, il sortit une fiole, l'ouvrit et la porta précipitemment à ses lèvres. Le soldat fut pris de dégoût. Un instant passa, puis soudain une nuée d'étoiles apparue de part et d'autre de son visage, en un halo bleu pale qui s'intensifia pour ensuite se dissoudre. Le breuvage fit son effet. Revenant à lui, le soldat se renversa la tête en arrière et se passa les mains dans les cheveux. Il s'appuya sur son bras gauche pour se mettre sur le côté. Le regard qu'il lança à Lotus fut ravageur.

De sa voix la plus suave, il dit : Mon nom à moi, c'est Dafunk, de l'ordre de Son Altesse Le Grand JMB, et tu me plais, jeune gazelle.

Puis il ajouta : Hummmm...


4


Il glissa la main dans ses longs cheveux noirs. Elle plongea dans ses yeux et laissa libre cours à ses sens. Leurs lèvres se frôlèrent une première fois, puis se soudèrent fermement. Dans les bras l'un de l'autre, ils ne formèrent plus qu'un. En cet instant, plus rien ne comptait. Le monde ne se résumait plus qu'à cet homme, cette main sur sa nuque, et à ces lèvres, qui redéfinissaient à elles seules la notion de chaleur. Nulle pensée. Le monde se vidait. Le noir. Le noir encore. Le néant.

Dafunk sut. La crainte qu'il avait éprouvé et rendu nerveux s'était révélée fondée. La douce elfe gisait évanouie dans ses bras, et il ne pouvait rien y faire. Ce qui avait fait de lui un homme craint et respecté de par le royaume de Magicville le frappait maintenant d'un terrible désespoir : il possédait la protection contre le vert.




Et voilà, une histoire est en route, et elle va se poursuivre inéluctablement, dans un mythique maelström d'émotion, de frisson, d'action, de suspense et de conneries (avec un s à conneries, parce que croyez moi, il y en aura beaucoup ^^). Une histoire où VOUS pouvez être acteur. Déchaînez-vous, n'hésitez pas : Criez au Monde : Oui Je veux voir mon pseudo apparaître dans LOTUS !
Mais attention, le choix sera fait parmi les plus frapadingues et les plus motivés d'entre vous. Une dernière étape de sélection, plus subjective celle la, portera sur les pseudos eux-mêmes. Robert455654, Superboy33366, JoeyStar… Autant de pseudos qui seront impitoyablement et discrétionnairement rejetés.
Peut-être vous verrez vous dragon, puissant et terrible, ou bien âne, ou bien pire encore, dans des situations bien moins glorieuses. Ca sera à double tranchant.
Rendez-vous dans le forum ci-dessous.