Lotus
Chapitre VI : Poésie


      


RESUME : Une elfe et un guerrier tombent amoureux. Le sort se jouant d'eux, Dafunk possède la protection contre le vert et ne peut vivre d'idylle avec Lotus.

Qu'importe ! De vieux écrits affirment qu'il existe un sort mystérieux, aux confins du Royaume de Magicville, là où vivent les ondins, et l'Illusion, l'Hybride aux cents visages. Ce sort, c'est le Changement spectral, clef de leur amour impossible.

Vieil ami de la jeune femme, Bridou le cochon se fera accompagner de Frolll, son ange gardien, pour les rejoindre en quête.
Voilà nos héros sortis de la forêt des lutins petits culs qu'ils durent traverser. Mais l'aventure ne fait que commencer...



CHAPITRE VI - POESIE



1


Deux paires d'yeux rouges scrutaient fiévreusement les moindres gestes du Maître. Bras tressaillants, sabots gigotants, les deux centaures junky trépignaient dans l'attente de leur dose.

Il faisait sombre. L'antre du feu propageait ses flammes sous une marmite en bouillons et dorait ainsi les murs de la frêle demeure d'un éclat mat. Tout autour, disposés dans l'ombre de vieux meubles maladifs, dormaient de vieux trésors et d'anciennes reliques issus de temps et de plans oubliés. Au bout de la pièce somnolait dans sa cage un perroquet flétri qui jadis avait été un Oiseau de Paradis. Tout, dans l'espace, attestait d'une certaine décadence de la part du locataire.

L'oeil du vieil homme luisait lorsque son regard se détourna du mox de chrome suspendu à la cheminée. Il prit une poignée de quelque sombre ingrédient, la laissa choir dans la marmite, puis se mit à presser de ses doigts crochus son long nez difforme. Un bouton enfla, trembla, pour exploser rouge et blanc sur le noir crémeux de l'ongle de son pouce. Il happa le pus d'un geste habile, écrémant ainsi de son jus la potion qui tremblait dans le récipient, puis revint à ses créatures. Son sourire s'élargit en un rictus qui se voulait désolé.

Qu'y a-t-il, Maître ?

Celui des centaures encore assez conscient pour s'alarmer s'avança en titubant, ce qui fit écho chez le mage noir aux comportements des humains de l'un des plans parallèles à celui de la Terre. Son sourire s'élargit de plus belle, en des traits où l'on pouvait deviner quelque amusement : dans ce monde, ceux que l'on appelait « hommes » se jouaient des dieux en manipulant des cartes. Ce qu'ils pensaient n'être issu que de l'imaginaire de certains fous était en fait la représentation imagée d'épopées, de quêtes, de guerres et de souffrances d'autres mondes, qui, elles, n'étaient que trop réelles.

Je ne peux vous donner votre dose, déclara-t-il.

Il clôt les yeux. Les créatures remuèrent désespérément dans son dos. Lui avait ainsi sa dose, pleine de jouissance malsaine à l'écoute de leur tourmente.

La présence ténébreuse retint de nouveau son attention vers le joyau chromé qui pulsait sous la faible lueur des flammes.

Il ne me manque qu'un unique ingrédient.

Il ne pouvait les voir s'agiter dans son dos, mais il sentait chez les hybrides bien plus de concentration et d'écoute à cet instant à l'égard de ce qui concernait leur dose que n'en serait jamais capable même la plus sensible des espèces.

Puis le mox pulsa de plus belle. Au-delà du chrome, par delà la conscience du mage, l'artefact s'emplit de l'or du couchant. À la couleur rubis de fin du jour des nuances s'ajoutèrent, infinies, dans une explosion de vert. Des formes jouèrent alors. Elles hésitèrent tout d'abord, mais les images se figèrent bien vite pour ne plus refléter que le réel. Il y avait là l'orée de la forêt, proche en apparence aux vues des arbres familiers qui la constituaient. Dans l'ombre des feuillages qui se découpaient sur l'horizon vallonné, quatre formes reposaient autours de la danse fiévreuse d'un feu de camp. Parmi ces formes, figurait celle significative d'un cochon qu'il n'avait pu oublier. L'image s'évanouit pour une autre qui se matérialisa aussitôt. Le mox de chrome accapara des couleurs festives, et la scène se figea dans l'immensité de l'auberge du Oik, l'auberge où tout était possible. La scène figée hésita, puis les formes s'agitèrent. On y voyait la foule cosmopolite habituelle. Le vieux mage reconnut certains des poivrots qui occupaient le bar ce sombre soir. Puis il le vit arriver. Le porc alcoolique galopait maladroitement dans sa direction. L'image s'évapora de nouveau, pour en laisser une autre. StyX y vit la tête porcine se déverser de gâteaux prédigérés noyés dans une sorte de mélange brunâtre de bière et de bien d'autres choses qu'il ne pouvait évoquer. La sensation hideuse du liquide sous sa robe le long de ses jambes s'imposa à lui, cette même sensation qu'il ressentait depuis, nuit après nuit aux pires moments de ses cauchemars récurrents. Le mox rematérialisa une dernière scène : un ange zigzaguait entre ses sorts mortels tandis que le porc sous lui s'éclipsait au dehors du bâtiment.

Sa voix monta à l'encontre des junkies chevalins dans l'ombre de la hutte rabougrie : La mixture qui dort dans cette marmite ne souffre plus que d'un seul manque pour combler le vôtre...

Il attendit un instant délicieux, puis, tout aussi délicieusement, souffla :

Du jarret de porc...



2


...Ils torturèrent les gobelins, vécurent heureux, et eurent beaucoup d'enfants...

Le récit de la jeune elfe s'achevait dans la magie des mots. Lotus s'étira, puis, comme la nuit se fut installée, s'allongea plus nette dans l'herbe haute de la clairière assoupie. Elle se tourna vers ses amis. L'ange Frolll avait les yeux rougis par la tendresse du texte. Le guerrier ailé mâchonnait la tige d'une rose cueillie aux abords du riche sentier qui laissait la forêt à ses sombres occupations. Dans le bleu de ses yeux se lisaient autant d'étoiles que n'en pouvait compter le ciel. Dafunk, lui, se laissait aisément aller de sa larme. Tout chez lui indiquait le plaisir des petits bonheurs retrouvés. Légèrement en retrait, ronflant tel un Wumpus éperdu, Bridou au teint rose et à la queue tirbouchonnante se fendait d'un trait qui lui reliait les deux oreilles. Pas de mauvais rêve en vue pour l'animal.

La sibylle dirigea son regard vers le ciel à présent peuplé de milliers de douces lumières. Le vent frais lui peignait les cheveux. Elle distingua la Mère aux Perles Dorées, au sud, là où dormaient les montagnes. Le Singe Rieur se dessina devant elle vers l'ouest, accompagné de son éternel compagnon l'Ours Brun. Son sourire s'élargit autant que ses yeux, lorsqu'au milieu des étoiles, elle en vit apparaître une trop brillante et zigzagante pour n'être qu'un astre. Nul ne vit Lotus s'éclipser pour une zone boisée plus intime, et c'est avec les arbres pour seuls témoins qu'apparut Dagzdag l'esprit farceur.



3


Étincelant dans le ciel, il épousa le sol accompagné d'un simple halo de lumière jaune. Dagzdag était petit de taille, frêle d'apparence, et un tantinet noueux. Mais quiconque faisait une grossière erreur en le définissant par son aspect comme quelqu'un de faible. Son visage bridé, mis en valeur par un large bandeau claquant au vent derrière les oreilles de son crâne rasé, ainsi que par deux hauts et longs sourcils blonds tirant vers le blanc que l'on devinait par la lumière lunaire, témoignait d'un calme et d'un style de vie posé, que seuls les préceptes zen du monde de Kamigawa pouvaient apporter. Enveloppé d'un kimono gris de toile d'Akagi, il arborait discrètement de sous sa ceinture une longue lame d'argent, qui sous la lune scintillait de tout son long. Nul ne pouvait être plus stoïque que l'esprit moine de Kamigawa.

La belle elfe le vit se mettre à genoux, la saluer, puis se remettre debout. Son visage se riva au sien. Sans autre avertissement que le mystère insondable des choses, elle s'estomaqua de le voir fondre en grosses larmes et horribles sanglots, tandis que l'être se blottissait dans ses bras.

Lotuuuusssss ! Aide mouaaaaaa aaaaa aaa...

D'abord prise au dépourvu, la jeune elfe laissa son regard aller vers ses amis au loin, avant de se rappeler qu'elle seule dans le groupe pouvait percevoir les esprits. Puis, reprenant les siens, elle fit un pas en arrière pour se voir offrir le spectacle du renommé flegmatique et imperturbable Dagzdag, déconfit à l'aube de la dépression. Aux sanglots se bousculaient reniflements et gigotements.

Dagzdounet ?? Que...

Elle m'avait assuré... J'étais fou... J'en crevais... Mal au ventre...


Elle comprit de suite, et dut réprimer un sourire.

JE L'AIMAIIIISSSSSSSSS !!! BOUHOUHOOOUUUuuuu...

Lotus le calma, puis le rapprocha d'elle pour le câliner. Elle perçut le bruit étouffé de sa voix à travers la toile chaude de sa robe.

J'en étais arrivé aux poèmes... A UNE FILLE !!!

Les yeux ronds, elle l'entendit discourir.


Même au plus profond de l'hiver
Ardemment réchauffent mon coeur
Une flamme, un feu, un tison

Une vision apparue hier
D'une beauté née de douceur
Une femme, un voeu, une passion

Pour toi ma vie entière
Pour le meilleur et le meilleur
Mon âme, mes yeux, ma raison.


Et j'ai signé Cupidonnnn... CUPIDON !!!! Bouhouhouhouhouuuuuuuuu...




4


Le vieil oiseau de paradis laissait des étincelles délavées de couleur fade voleter au-dessus des épaules de son maître. Le dédale ainsi s'illuminait indistinctement aux endroits que l'éclat malsain du mox suspendu au cou du mage n'atteignait pas. Derrière son sombre capuchon s'agglutinaient les ombres des deux centaures malades. Les sabots se frictionnaient au hasard de leurs pas non moins hasardeux. Et il n'était pas rare que l'un fasse tomber l'autre dans l'un des nombreux escaliers en spirale que comptait l'insoupçonné labyrinthe souterrain.

Le funeste groupe déboula par de grandes arches au sein d'une vaste pièce obscure. La cave, car c'en était une de par sa réserve de branlos ramassés par milliers dans les renflements prévus à cet effet, brillait de la faible lueur de torches et de pierre fine, voilée par de larges rideaux pailletés de toiles habitées d'arachnides.

Le mox se manifesta à nouveau. L'oeil livide y vit d'abord s'y dessiner comme à chaque fois nombre de formes indistinctes. Les mouvements inscrits dans la pierre se stabilisèrent pour donner vie à des gallinacés imbibés d'alcool, qui secouaient branlos, K-fés, ainsi qu'autres artefacts que la décence récuse. Aux murs vierges d'étals l'on devinait phrases et inscriptions par milliers. Le mox réagit encore. L'image se dilua pour laisser s'inscrire une citation :

Comment faire aboyer un chat ?

Tu lui fous plein d'essence dessus, t'envoies une allumette, et WOUF !



La pierre maudite s'emballa. S'inscrivirent dans ses faces les inscriptions de la Cave de la Honte :

Maman ! Maman ! Papa s'est pendu dans le grenier !

POISSON D'AVRIL ! C'EST DANS LA CAVE !


C'est l'histoire d'un pingouin qui respirait par l'anus. Un jour il s'assied, et il meurt.


- Maman ! Maman ! Je ne veux plus dormir avec mon petit frère !

- Tais-toi ! Je t'ai déjà dit qu'on avait pas assez d'argent pour l'enterrer.



Puis vint l'insoutenable...

Vous connaissez la blague du papier ?

C'est un mec, à la mer, il croyait qu'il avait pied, mais en fait, il n’avait pas pied.


Arnjlot, le 28/08/2006 20:49 >>[]


Promenant ses deux chiens, une femme rencontre un petit garçon. Elle lui dit :

- « Tu veux caresser mes St-Bernard ? »

- « Oui je veux bien, mais je ne m'appelle pas Bernard. »


parpy, le 29/08/2006 9:57 >>[]


C'est Chirac, il pense...

elfe22, le 30/08/2006 11:03 >>[]


StyX détourna le regard de l'abject pour jurer. La folie ne lui reprendrait plus de se laisser envoûter. Il se remit en quête et vit ce qu'il cherchait. Les centaures se tenaient toujours derrière le vieil être et sa volaille, trop défoncés pour ne serait-ce que lire une ligne murale. Styx s'arrêta devant une armoire de style antique. Comme par habitude sans doute, l'oiseau prouta coloré sans qu'il ne lui en ait été fait la demande. L'armoire se disloqua alors des fondations pour laisser un nouveau passage.

Le groupe se remit en route pour une autre pièce. Celle-ci n'eut rien en commun avec le reste des salles parcourues. La lumière ici pulsait violemment par à-coups. L'atmosphère y était rougeâtre, imprégnée comme par une ambiance de fête. Quelque part dans leur monde, les centaures reconnurent de la musique. Leurs sabots prirent un rythme langoureux. Quant à leurs bras, ils ne tremblèrent plus qu'au son d'un tempo.

Un autel leur faisait maintenant tous face. L'oiseau prouta derechef coloré. Sur l'autel apparut alors costumes cravates et noeuds pap', robe satinée, ainsi que moumoutes au nombre de trois. Le magicien se retourna pour se satisfaire de l'allure inédite de ses esclaves : A présent bipèdes, les ex-centaures étaient revêtus costumés des habits et accessoires quelques secondes auparavant posés sur l'autel. L'un d'eux, coiffé d'un brushing, éclatait d'un sombre deux pièces classieux mais néanmoins discret. L'autre possédait à présent de plus longs cheveux, bruns, bouclés et coiffés d'un micro-casque, et se touchait le renflement inédit de sa poitrine avec un certain intérêt que n'avait réussi à occulter le crack.

Laurent B. et la délicieuse Rébecca... Parfait, se dit le mage noir. Quant à moi...

Il effleura doucement le plumage multicolore de l'oiseau sur ses épaules, qui, cette fois, mélangea à la lumière de la salle fulminante la coloration d'un rot. Le mage en eut son apparence changée. A présent muni de fiches, il se tenait tout en noir, pantalon, chemise et veste. Cheveux gominés, sourire cynique mais poli, l'animateur était prêt pour l'émission.

Enfin, presque prêt...

Un lot poudré traînait sur une chaise à sa gauche, qu'il prit. Il en passa à ses assistants, en leur précisant bien le caractère éphémère de la chose. Les bipèdes en furent transformés. Le perroquet reprouta. C'est un Laurent B. et une délicieuse Rébecca qui rentrèrent dans la nouvelle entrée dessinée par magie dans le mur, d'où provenait moult applaudissements et musiques d'ambiance. Thierry A. suivi, mox au cou et fiches en mains. « Tout le Monde en cause » allait pouvoir commencer.

Ne manquaient plus que les invités...