Dessine-moi un mouton
écrit par Johann Mercier


      Devant le niveau d’ignorance et de sous-culture de nombre de magicvillois (si, si, je vous jure et si vous me croyez pas, consultez le forum du Oik, ça vaut mieux qu’une longue explication), je me propose d’essayer de contribuer au retour des valeurs morales et de la culture avec un grand K en vous dispensant un petit cours d’art historique appliqué à nos cartes préférées. Démonstration.



1e ère : La découverte du pinceau (de black lotus à 100 ans après BL)



Alors je sais, les esprits chagrins ne manqueront pas de faire remarquer que votre serviteur a déjà usé du ressort comique de l’œuvre de Justin Hampton lors du précédent MV contest, mais abandonnons-nous ici au caractère historico-archéologique du présent article.

Au premier jour de Magic donc, le joueur préhistorique assistait à l’éclosion d’un nouvel art : le gribouillage sur bout de carton. Des fouilles récentes ont permis de mettre à jour certains spécimens malheureusement préservés :





Le néophyte pourra valablement être interloqué à la vue de certaines oeuvres mais se serait ignorer les difficultés auxquelles fut confronté le trois fois saint Richard Garfield lorsqu’il affronta à la fois l’establishment, des conditions climatiques détestables et un petit cousin possessif pour établir la chartre graphique des premières éditions.

L’amateur averti, lui, ne manquera pas de remarquer sur certains dessins que des outils rudimentaires semblent avoir été utilisés, certains historiens magicvillois allant jusqu’à évoquer l’existence à cette époque reculée de pinceau en poil de troll. L’auteur des présentes ne saurait bien évidemment pas cautionner de telles allégations tant que les recherches appropriées n’auront pas été menées à leurs termes.

Sans transition, la suite.



2e ère : L’époque classique (de 101 à 1500 après BL)



Avec l’avènement de matières modernes telles que les peintures à base de pigment de gobelin et les pinceaux en poil de guivre, le talent des artistes peut enfin pleinement s’exprimer.





Il n’est bien sur présenté ici qu’une partie restreinte de la production pléthorique de cette ère, l’auteur n’ayant pas la volonté de produire chez le lecteur une saturation de nature à compromettre la lecture de la suite de cet article écrit avec amour et dévotion malgré des conditions d’hygiène précaires.

Vous pouvez donc admirer ici les spécimens issus de certains des dessinateurs les plus prolixes de Magic sur lesquels il n’y a pas grand chose à ajouter, les représentants de cette époque, auxquels sont dédiés de nombreux lieux de culte à travers le monde, ayant déjà maintes fois fait l’ouverture des journaux télévisés ou la une de toutes vos publications régionales et leurs œuvres ornent probablement les charentaises que vous portez actuellement (je ne m’étendrai pas plus sur les récents résultats des études comportementales des Magicvillois, les résultats étant… bref, passons).

Toujours pas de transition et je continue.



3e ère : les maîtres de la renaissance (de 1500 à 2000 après BL)



Bon, là c’est simple, c’est l’apogée d’un art tout ce qui suivra sera futile ou dispensable. Théoriquement, vous pourriez même légitimement vous jeter par la fenêtre d’extase suite à la vision de ce paragraphe (Néanmoins pour des raisons évidentes d’intégrité physique, je vous invite à ne pas le faire)





Alors oui, comme vous, je pourrai succomber à la tentation de plonger dans une contemplation catatonique de ces différentes œuvres (je dois néanmoins vous rappeler que baver sur les claviers est contre indiqué par nombre de constructeurs ayant pignon sur rue) ou entonner une litanie à la gloire de l’accomplissement esthétique en me roulant par terre mais par souci évident de déontologie et par respect pour mon publique, je me dois néanmoins de continuer.

Vous l’aurez compris : je n’aime pas les transitions.



4e ère : Les impressionnistes et les cubistes (de 101 à 500 après BL)



Comme nous l’avons vu au précédent paragraphe (que je vous invite à lire par respect pour l’auteur si d’aventure votre sens inné de la lutte contre les conventions sociales vous avait poussé à lire le présent article dans le désordre), l’apogée du dessin sur carte a été atteint, la douloureuse question du renouvellement se posa donc, celui-ci pris dans un premier temps une voie artistique.





Nombre de béotiens se gausseraient des présentes illustrations et ne manquerait pas de vilipender l’auteur au prétexte que de telles oeuvres auraient leur place au premier chapitre mais l’auteur étant magnanime il est de son devoir d’expliquer au lecteur qu’à l’évidence nous avons ici affaire à une démarche artistique (ou peut être à une surconsommation de produit à base de plantes naturelles prohibée par la loi, mais c’est un autre débat).

En effet, les spécialistes ne manqueront pas de remarquer que cette évolution vers l’abstrait vise au détachement de l’aspect matériel, vain et avilissant de la carte pour favoriser l’élévation spirituelle du joueur et son accomplissement en tant qu’élément du grand tout. Le joueur peut donc ainsi être en communion avec l’univers et s’ouvrir aux écrits sacrés (qui sont, je le rappel, compilés dans la rubrique « combo » du site)

J’entends déjà les commentaires narquois : « alors oui, bon, voilà, il prétend élever notre niveau culturel mais il est même pas foutu de faire une transition ». Alors, soit ! Devant la pression populaire et suite à de nombreux coups de téléphones ayant perturbé mon pourtant légitime sommeil :
Cette évolution atteignant vite ses limites, de nouvelles solutions que nous allons maintenant étudier sont mises en œuvre par la R&D.



5e ère : Le populisme (de 2001 après BL à nos jours heureux)



Ayant donc atteint les limites de l’évolution artistique, les concepteurs de Magic nourris de réal-TV, dépendant de la Loi du marché et conspirant en secret à l’uniformisation des mass-médias dans le seul but d’asservir les classes populaires – ok, bon je me calme, mais on m’empêchera pas de dire qu’avec tous ces satellites qu’ils envoient sur la lune, ils ont fini par nous détraquer le climat… Les concepteurs, donc, se laissent aller à toutes les dérives du monde moderne et intègrent cette évolution dans les dessins.

Voici donc quelques facilités auxquelles ont eu recours les développeurs pour maintenir intact l’intérêt des joueurs :

· Mise en image de pratiques sexuelles deviantes :


Le sado-masochisme : Que celui qui n’a jamais rêvé de se faire corriger par Teysa parce qu’il avait été vilain me jette la première pierre.



L’amour à plusieurs : Oui, je sais, ça rendrait mieux en vidéo. (Le lecteur appréciera à sa juste valeur le fait que l’auteur n’ait pas chargé nos amis de la braguette arrière en privilégiant en dessin concernant des femmes)


· Apologie de la consommation de substance illicite :



Bon ben là, je crois que ça se passe de commentaire


· Tentative de conquête de la ménagère de moins de 50 ans :



Top mode les accessoires, non ?!


· Recours aux guest-star :



Pour les cinéphiles : Quentin Tarentino, Jean Rochefort et Jim Carrey



Pour les fans de musique : Migraine Farmer et M. Jackson



Ben, lui je sais plus mais j’ai du le voir dans un documentaire sur la procréation humaine signé d’un nom d’emprunt



Ah non, elle c’est juste une copine

· Carte personnalisée pour chaque joueur :



Bon, là j’ai pas de pot. Ils ont fait une faute dans mon prénom et en plus ils m’ont pris dans un mauvais jour


Certains joueurs vont même jusqu'à évoquer une conspiration par le biais d’image subliminale ou de symboles païens dissimulés par Léonardo Da Vinci qui serait en réalité l’inventeur de Magic mais qui aurait préféré en garder le secret plutôt que de livrer à l’humanité un jeu qu’elle n’était pas encore capable d’appréhender…

Rêve ou réalité ? L’avenir nous le dira. Néanmoins il en ressort de ces évolutions de réelles interrogations sur le devenir des illustrations de nos chères cartes, quelles formes prendront-elles à dans le futur : carte à dessiner ou colorier soi-même ? Carte à déplier avec des reliefs (souvenez-vous de vos livres d’enfants) ? Dessin à télécharger sur Internet ?… Mes biens chers frères, mes biens chères sœurs, l’avenir est obscur, n’en doutez pas et repentez-vous.



Ca vous plait ? C’est moi qui l’ai fait.


Faut pas exagérer, je vais quand même pas faire deux transitions dans le même article.

Les intemporelles :

En conclusion, il faut bien évoquer ces cartes qui restent un bonheur pour les yeux quoiqu’on en pense artistiquement et qui savent sublimer leur dessin pour procurer un plaisir quasi charnel (enlever la protection en plastique pour maximiser l’effet). Mais là, les cartes parlent d’elles-même :


Raaaaah, lovely !




Le lecteur attentif aura remarqué que ni la chronologie temporelle, ni celle de Magic n’ont été ici scrupuleusement respectées et tout individu un tant soit peu vindicatif pourra faire valoir à juste titre qu’il y avait dès le début de véritables œuvres pour orner nos chères cartes et que certaines cartes récentes mériteraient le bûcher, mais ceci n’est pas le sujet ici, l’auteur ayant essayé de privilégier la dimension ludique. Néanmoins aux vues de l’outrage, une séance de lapidation collective sera organisée sous peu en la place centrale JMB de Magicville.

Bien évidemment cet article ne peut être exhaustif et la qualité d’un dessin est autant une question de goût que de culture personnelle, de plus il faut ajouter à ma décharge qu’un certain nombre d’artistes, dont ma grande charité d’âme m’oblige à taire les noms, ont fait pression pour ne pas apparaître dans cet article, le plus souvent pour raison familiale il faut bien l’avouer.


Remerciements :
Le Mishra's Museum of modern art
L'Urza's Museum of natural art
ZeSword, pour les liens du tutorial fun card (the gimp)
L'équipe de la gazette, pour avoir mis en page cet article avec le plus grand soin.
Toute personne estimant pouvoir légitimement prétendre à un remerciement personnalisé que j’aurai eu la flemme d’écrire.



























Ghost track :


J’imagine les commentaires si je l’avais oublié…