[T3] Draft aux couleurs allemandes


       1. Introduction :


Plic ploc plic ploc plic ploc... Les gouttes d’eau résonnent sur la chaussée, seulement troublées par le crissement des pneus sur le bitume, et les bribes de discussions à demi voix. Au coin de la rue surgit soudain une silhouette, bientôt suivie de deux autres, dont une montée sur un vélo. Ils marchent un peu jusqu’en contrebas de la rue, puis se regardent, échangent quelques mots et l’un d’eux achète quelque chose. Ils marchent encore, dans un silence glacial et s’arrêtent finalement devant un baraquement, avec quelques inscriptions dessus. Ils échangent quelques mots, et miment quelques gestes, comme mus par un rituel des temps anciens et entrent.
Mais faisons d’abord un petit flash-back :

Je suis arrivé en Allemagne le 1er septembre, plein d’espoir, en espérant coloniser cette terra incognita, connue chez nous comme le pays de la wurst et de la bière (chose étrange car pour les allemands, la saucisse choucroute est un plat typiquement français ; pour la bière en revanche, c’est totalement vrai puisque dans les bars, celle-ci au litre coûte moins cher que l’eau minérale au litre) pour leur enseigner la religion Magicéenne. Je fais donc connaissance, avec les joueurs de ma classe et ceux ci, après quelques pourparlers, (« dou you wante tou come wizz euss tou ze frwaydei nayt magic »), m’invitent solennellement à leur rendez-vous millénaire quasi-sacré : le tournoi FRIDAY NIGHT MAGIC. Je négocie la chose, leur demande quel est le niveau (à propos si quelqu’un connaissait la traduction du mot pinpin en allemand, cela m’aiderait grandement puisque ça fait 2 semaines que j’essaie de leur expliquer le concept), si ça se passait comme en France, et s’ils avaient entendu parler des MasterZ ; mais, après examen de leur mine ébahie, j’ai conclu qu’ils n’avaient rien compris à mes tergiversations. Vendredi prochain, je note : rendez-vous avec Jan et Philip (leurs prénoms, donc), pour drafter.


2. Le draft en lui-même :


Le jour J, à l'heure fatidique, le gong sonne. Après les cours (ceux-ci finissent à 13h donc les FNM commencent plus tôt, on a plus de temps pour les rondes et pour arnaquer le pinpin qui vient tout juste d’arrêter les yugi-oh), je retrouve mes deux acolytes et nous partons directement en direction du magasin, à une demi-heure du centre ville. Une pause pour aller prendre un turc (j’ai oublié le nom en français, grec ou kebab, je crois) puis nous arrivons au magasin. Ils proposent là-bas une sorte d’attrape-pinpin, ça s’appelle Magic-Loterie et en gros, pour 2€, t’as 5 pochettes de deux cartes 1 que tu choisis au hasard, et c’est presque tout le temps des vieilles communes Kamigawa. Le principe est bon (pour se faire du blé), on devrait importer ça en France... Je rentre dans la taverne, je salue au passage Tim, l’organisateur du draft, les personnes que je connais déjà (selu, bonchuour 2) puis, nous passons dans une petite salle bondée en posters de pokémon et warhammer en tout genre. On s’installe, on teste nos decks. La salle est minuscule, l’halogène projette sa lumière diffuse ; l’atmosphère est étouffante, je commence à sentir le malaise. Quand arrivent enfin les premiers protagonistes : poignées de mains chaleureuses, présentations (hier ist Éloi, der Französe), ils sortent les binouzes du sac et se font allègrement plaisir. Peut-être une tactique tordue pour saouler son adversaire mais dans ce cas-là, qui en profiterait ? Quoi qu’il en soit, les traditions liées aux FNMs ont l’air très ancrées dans ces contrées. Dans cette ambiance amicale, Tim passe relever les inscriptions, je prends mes boosters et je m’installe.
Le draft commence ; j’avais choisi préalablement de prendre du bleu comme couleur au minimum, puis noir ou vert avec un splash de blanc comme me l’avait conseillé mon ami Jan. Je sors mes premières cartes, et le deck se dirige vers un bleu noir plutôt contrôle + créatures volantes. A la fin, j’obtiens une liste comme celle-ci :

Bleu :
1 Grozoth
1 Majordome éthérée
1 Sphinx de beffroi
1 Vernis d’alcyon
1 Familier drâkon
1 Gavial à écailles grises
1 Mignon des marées
3 Invitation à la paranoïa
1 Épluchage de réalité
1 Malaise
2 Cellule de stase
2 Imbroglio de mixtures
1 Recherche compulsive
2 Farfadet épieur
1 Drâkon happeur
2 Veldaken enjôleur
1 Congédieur vedalken

Noir :
1 Vrillemage sadique
1 Mortipède
3 Obscurités tenaces
2 Diablotin de diplotaxis
1 Foule vindicative
2 Courtier en sapience

Multicolore :
1 Circu, lobotomiste dimir
1 Infiltrateur dimir
1 Consultation des nécrosages
1 Perplexité
2 Affidé sournois
2 Moroii


Le build :

Vient l’étape décisive, le build. Pour faire simple, je n’ai que deux choix : ou bien me concentrer sur le meulage de deck (Circu, Enjôleur), ou bien sur les créatures (Moroii, Nécroplasme) et je choisis plutôt la deuxième option. Je demande tout de même conseil à mon pote Jan, qui me fait comprendre que meulage est plus efficace. Nous continuons à tergiverser jusqu'à ce que Tim arrive, et ne propose une version complètement contrôle. Puis Khoi (un gars que j’ai rencontré là-bas, il veut me coacher pour le JSS d’Allemagne) s’en mêle, préférant encore la version avec les créatures. Ils se disputent encore longtemps, avant que Tim n’annonce le début des rondes. J’endors discrètement mon deck, dont voici la liste finie en toute hâte :

Terrains :
9 Ile
7 Marais
1 Aqueduc de Dimir

Créatures :
2 Nécroplasme
2 Diablotin de diplotaxis
1 Sphinx de beffroi
2 Enjôleur vedalken
1 Congédieur vedalken
1 Infiltrateur Dimir
2 Moroii
2 Affidé sournois
2 Farfadet épieur
1 Drakôn happeur

Autres sorts :
3 Obscurité tenace
1 Cellule de stase
1 Recherche compulsive
1 Consultation des nécrosages
1 Perplexité


Les rondes :

Première ronde, Vert blanc :
Je joue contre un gars qui combote avec ses Hiérophante germepierre et ses terrains, pour espérer poser sa Guivre autochtone, plus bien sur ses saprobiontes ajoutés grâce à la Prédicatrice de selesnya.
Je gagne 2-0 contre lui rien à dire, sortie impec'
Tour 1 : Marais
Tour 2 : Ile, farfadet épieur
Tour 3 : Marais, diablotin de diplotaxis
Tour 4 : Ile, Moroii

Et à partir de là je bourre. C’est en gros, la meilleure sortie que je peux faire avec ce deck et qui se révèlera efficace (Moroii au tour 4 en draft ça ne pardonne pas).

Deuxième ronde, Blanc rouge
Je joue contre un gars qui joue pleinement l’interaction entre Mage auralteré et danseforme. Que dire, si ce n’est qu’il m’écrase à coups de Carboniser et d’Hélice d’éclairs jusqu'au tour 6 avec sa combo du diable. Je perds 2-0

Troisième ronde, Vert noir splashé bleu
* Première manche
Celui là joue plutôt dragage, avec Brunécaille golgari, Carapace chavirante et toute la clique. Premier match, je tente de lui meuler son deck, essayant de profiter de son dredge, mais il me sort une armée de créatures et je fais l’erreur de ne pas dredger mon diablotin, préférant le nécroplasme à la place. Il remporte la manche.

* Deuxième manche
Je lui sors ma sortie *ALL STARS* et il prend cher, d’autant plus que je lui transforme sa 5/5 piétinement en 1/4 inoffensive grâce à l’obscurité tenace

* Troisième match
Je sors mon farfadet épieur, mon diablotin, lui sort son Elfes de l’ombre profonde et sa Carapace chavirante, c’est serré, quand soudain je pioche deux Moroii grâce à Consultation des nécrosages (qui a dit que j'ai mal mélangé mon deck ?). Vient le moment le plus tendu de la partie, on a chacun nos créatures, et il en profite pour me sortir un : foulé fou couché afec moa ce soar !
Argh ; traîtrise suprême, j’agonise. il n’avait pas le droit ! Je lui explique que la décadente civilisation française ne s’arrête pas là, que le moulin rouge a été racheté par des Belges (si si c’est vrai 3). Heureusement, Jan arrive à la rescousse, explique à mon adversaire que c’est mort pour lui, que j’ai 2 Moroii et un drakon happeur dans la main, et je remporte donc cette ronde grâce au maraudage de mon pote.

2-1, je termine deuxième du draft, le premier est le deck blanc rouge combo que j’ai rencontré en ronde 2


Conclusion :

Très sympas, ces petits drafts aux couleurs locales, je vous conseille à tous d’essayer (à condition de maîtriser un minimum la langue)

Points positifs
Bien organisé, ça tourne très bien
Le sens de l’humour allemand

Points moins positifs
Les petits gars à lunette qui comptent et soupèsent ton deck deux heures avant de commencer 4
Je comprends rien

Bref, ça s’est plutôt bien passé pour une journée qui s’avérait être pluvieuse et ennuyante Bis gleich, Leute

Eloi de Villeneuve




NDLR - 1 : Ouais dix cartes quoi...

NDLR - 2 : Je parle pas allemand, c'est le nom des tes potes ou c'est comme ça qu'on dit bonjour là-bas ?

NDLA - 3 : Ca relève du complot inter bolchévique.

NDLA - 4 : Je n’ai rien contre les petits gars à lunettes. J'en suis un moi-même.