Magic, Fléau des vivants
écrit par Guillaume Ringot


       Tout a débuté lorsqu'un jour, Maxime amena des bouts de cartons, passés à la machine à laver, au collège. Des cartes Portal et second âge. Il s'amusait bien avec les autres enfants, Pierre-Antoine et moi nous nous sentions exclus...
Alors, nous avons acheté notre premier booster, ce qui annonçait le début d'une longue période sombre où la vie ne passait que par les Magic. L'édition en cours était Légions, et j'eus la "chance" de tomber sur une Muse née des rêves. Tout fier de mon acquisition, je l'exhibais au collège, jusqu'à ce qu'un gamin encore plus novice que moi (c’est dire) me propose un tas de cartes contre ma Muse, qui ressemblait étrangement à cela :



L'aubaine ! J'acceptais, privilégiant la quantité à une (très) relative qualité.
Pierre était tombé sur un Dragon Fourgueule, qu'il échangea à mon ami (déjà maître des échanges avantageux) contre un Baloth imposant, une redoutable 7/6.

Après quelques arnaques plus ou moins fructueuses, je réussis à me constituer un "deck" d'environ 80 cartes, Elfes-bêtes-sorciers, comptant entre autres Traceur d'échos, Crabe à carapace de Chrome, Pionnier elfe, et plein de gros thons de coût de mana 7 ou plus.
C'est dire le niveau de professionnalisme atteint durant nos matchs.
Grâce à un certain magazine dont je ne citerai pas le nom (qui côte un Black Lotus à 650 €), nous tentions de modifier nos decks pour les rendre compétitifs.



Cependant, la mise de fond était relativement élevée (à l'époque, on ne trouvait pas 4 Ange exalté ni 4 Grève inondée sous le pied d'un pégase).
Après de (nombreuses) modifications, mon deck ressemblait à cela :

-4 Pavillon de Brinbois
-16 Foret
-2 Elémental d'épines
-4 Elfes de Llanowar
-4 Elfe gardebois
-4 Canaliseur de Brinbois
-4 Sibylle des fontaines
-4 Elfe moqueur
-4 Limon ancien
-4 Aura de pemmin
-4 Dominance
-4 Opposition
-4 Rancœur


Je vous passe les détails, mais je vous laisse profiter du commentaire d'Artax quand j'ai soumis le deck aux MasterZ (entre temps, nous nous étions inscrits sur Magic-ville 1)...

NdArtax : Pas compétitif. Plusieurs cartes pour le moins douteuses : Limon Ancien; Élémental d'Épines; Dominance. Aucun terrain produisant de la mana bleue...

Bref, ce n'était pas encore le must !


Pierre s'était constitué un puissant deck Slivoïdes, avec 5 couleurs et un maximum de rares pas toujours (rarement même) utiles, telles que Couverture de ténèbres ou Suzerain slivoïde. Quant à Maxime, son deck se composait de Dragons et d'Elfes (aux capacités douteuses).

Ca ne pouvait pas durer ! Je décidais donc de faire l'acquisition d'un deck Fléau : Meutes de Gobelins. L'erreur à ne jamais refaire (je pense que tout le monde le sait...): acheter des decks préconstruits.

Ce fut l'hécatombe durant mes matchs, perdant régulièrement au tour 4 avec un deck sensé être rapide... Le plus bel exemple est sans doute l'expérience douloureuse de la Mort vivante, avec laquelle mon adversaire avait en jeu au tour 4 Akroma, ange de la colère, Géant de magma ou encore Arcanis l'omnipotent. Ce fut dur...




Les "pinpins", comme on les appelle, étaient aussi présents dans mon collège que dans tout autre, et je réussis même un jour à refiler un Ecorche-nuage Krosian VS une Visara la redoutable mint.
J'en faisais même partie, lorsqu'un "grand" de 3ème m'a échangé mes 4 Etouffer contre un Joueur de trompe Briseguerre. Le pire, c'est que j'étais ravi de mon échange, jusqu'à ce que je commence à me constituer le mono-noir Zombie...



Avec la 8ème Edition (1 booster, 1 Lion des savanes) arriva le nouveau design des cartes (que je trouvais alors moins esthétique), et avec Mirrodin de nouvelles capacités auxquelles je n'accrochais pas. A partir de ce moment, Pierre et moi avons commencé à jouer moins régulièrement.

Maxime continuait à amener ses cartes au collège, mais un incident l'en dissuada : un beau jour, il avait amené deux classeurs de rares et les montrait joyeusement à tout le monde. Midi arrivant, on les laissa dans son sac pour aller manger (au collège on emploie plutôt l'expression "aller au self"...) et quelle ne fut pas sa surprise en découvrant à son retour que son joli cartable rouge était ouvert et que ses deux classeurs avaient disparu... Qui les avait subtilisés si habilement, que même les surveillants (au collège on emploie plutôt l'expression «pions») ne l'avaient pas vu ? Après cet épisode tragique, le volé noya sa peine en achetant onze boosters, je vous laisse faire le calcul...

Puis la situation a commencé à empirer : on ne pouvait pas faire un échange (honnête) s’il ne nous apportait pas la satisfaction de plumer l'autre (au collège, on emploie plutôt l'expression "entuber"), ce qui donnait lieu à des tensions palpables entre nous. Ce fut de pire en pire, jusqu'à ce jour où Pierre et moi avons pris la décision (ô combien douloureuse) d'arrêter Magic...



Depuis ce temps, Maxime continue à faire des affaires sur Magic-ville, il a troqué son ancien pseudonyme contre un nouveau qui colle plus "Star Wars" 2 et Itauba s'est lancé dans la programmation informatique. Il a commencé avec Fraiseolait pour La Carte MV, puis dans le site qui nous a à nouveau réuni... Readforever.




NDLA - 1 : Pierre-Antoine, Maxime et moi-même, respectivement sous les pseudonymes de Itauba, Jareht et Firehorse.

NDLA - 2 : Saberwhite