Citation :
PapaOurs a écrit :
@Hades, comment j'ai compris le moove:
On parle de laïcité à l'ecole aujourd'hui
T'interviens pour dire que les textes ont bougé depuis 1905
Je réponds que je m'appuie sur le texte actuellement appliqué, que 1905,c'est pas le cœur du sujet
Tu continues en disant que justement ne pas parler de la base, c'est un problème
Alors insister pour faire rentrer ça dans un homme de paille, ce ne serait pas très honnête de ma part, mais je trouve le moove assez peu elegant.
J'ignorais que le Oik était le lieu des élégances et des mondanités. ^^"
Plus sérieusement, sache PapaOurs que j'ai plaisir à discuter avec toi et que je reconnais tes connaissances sur le sujet même si nous ne partageons pas la même vision.
De ce fait, ne vois aucune malice et aucune méchanceté dans mes prochaines lignes.
Pour commencer, sache que tu as piqué ma curiosité avec ton avis du Conseil d'Etat du 27 novembre 1989 (n° 346893). Je l'ai donc cherché,
trouvé, lu et étudié.
Ensuite, d'une part, il s'avère que cet avis du 27 novembre 1989 a été rendu dans un contexte très particulier puisqu'il a été émis, à la demande de Lionel JOSPIN, à la suite de l'affaire du "foulard islamique de Creil" qui avait défrayé la chronique à l'époque. Pour la première fois, la France découvrait les revendications religieuses de jeunes musulmanes (13 ans) dans un collège.
D'autre part, cet avis, que tu as toi-même brandi comme un totem, prouve que la loi de 1905 sur la Séparation des Églises et de l’État est le fondement, le tuteur, la base, la matrice, du principe de laïcité. En effet, cet avis a été rendu aux visas de la loi de 1905. Cela signifie que le Conseil d'Etat s'est fondé sur cette loi pour rendre son avis. C'est clairement indiqué :
« La loi du 9 décembre 1905, tout en procédant à la séparation des Eglises et de l'Etat, a confirmé que "la République assure la liberté de conscience". »
Cela montre que la loi de 1905 constitue le coeur de la laïcité, donc « le coeur du sujet » pour reprendre tes mots. Tu ne peux pas écarter cette loi d'un revers de main et me reprocher de l'invoquer dans ce débat. Par conséquent, mon rappel était un propos pertinent et non une manoeuvre sophistique ("homme de paille").
Enfin, il s'avère que cet avis du Conseil d'Etat du 27 novembre 1989 est aujourd'hui
partiellement caduc. En effet, à cette époque, le Conseil d'Etat avait dégagé le principe selon lequel :
« La liberté ainsi reconnue aux élèves comporte pour eux le droit d'exprimer et de manifester leurs croyances religieuses à l'intérieur des établissements scolaires, dans le respect du pluralisme et de la liberté d'autrui, et sans qu'il soit porté atteinte aux activités d'enseignement, au contenu des programmes et à l'obligation d'assiduité. »
Or, comme tu le sais parfaitement, les collégiens n'ont absolument plus le droit de manifester leurs croyances religieuses à l'intérieur des établissements scolaires depuis la loi du 15 mars 2004 qui a interdit le port de signes religieux ostentatoires. Qu'importent le respect du pluralisme, de la liberté d'autrui et des activités d'enseignement. Aujourd'hui, c'est tout simplement interdit. Il n'y a plus d'exceptions, il n'y a plus de tempérances.
Cela prouve, une nouvelle fois, que la conception de la laïcité est plastique et volatile selon les époques. En 1989, la laïcité pouvait permettre à des fillettes de venir voilées au collège. En 2023, cette même laïcité permet de justifier des limitations à la liberté religieuse.
Citation :
PapaOurs a écrit :
Tu pinailles la Thrond :)
Si un élève demande un espace pour prier, l'établissement est tenu de lui fournir. Ce n'est pas un tolérance, c'est une obligation. Pour y déroger il va falloir de sacrées. Bonne raisons.
Sauf ton respect PapaOurs, Thrond a parfaitement raison. Il ne pinaille absolument pas.
S'agissant de la mise à disposition des lieux de prière, il convient de distinguer selon que l'élève pratiquant est en internat ou en externat.
Lorsque l'élève n'est pas à l'internat, le chef de l'établissement scolaire n'est pas tenu de fournir un lieu de prière, malgré sa demande ou celle de ses parents. En effet, l'élève doit apprendre et pratiquer sa religion en dehors des heures de classe. Le temps libre est fait pour cela.
Lorsque l'élève est en internat, le chef de l'établissement scolaire
peut mettre à la disposition de l'élève pratiquant une salle (neutre) pour prier lorsque la pratique de son culte perturbe les autres élèves de sa chambre, de son dortoir ou le fonctionnement du service public.
S'il met à la disposition une telle salle, alors le chef d'établissement devra veiller à ce que la salle en question soit ouverte à tous les élèves qui feraient, individuellement, la demande de pouvoir y disposer d’un moment de tranquillité ou de méditation qui peut être d’ordre religieux ou non. Dans cette hypothèse, le chef d'établissement devra veiller à ce qu’aucune religion ne puisse être regardée comme privilégiée en vertu du principe de neutralité et d'égalité.
En bonus, pour les aumôneries, c'est encore plus strict. Il convient de faire la même distinction (internat / externat). Le Recteur d'Académie peut rejeter la demande des parents exigeant l'ouverture d'une aumônerie dans les établissements sans internat. Quant aux établissements avec internat, c'est le Recteur qui doit valider les aumôniers proposés par les autorités religieuses qui officieront dans l'établissement public.
Tout ceci est confirmé par le Vademecum de l’Éducation Nationale de 2021 sur l'application de la Laïcité à l'école.
Respectueusement,
H.