Citation :
Les études médicales sans double aveugle ne sont pas fiables. L’étalon or reste l’étude randomisée en double aveugle et multicentrique. Là aussi, même moi, dans les cours de mon master de biologie à la faculté de médecine de Paris-Descartes, censée être prestigieuse, j’avais été entraînée dans cette croyance qui s’avère complètement fausse.
Réfutation. En effet, les études en double aveugle randomisée, parce qu’elles coûtent effectivement très cher à réaliser et créent une barrière d’entrée considérable, sont toujours favorisées par l’industrie pharmaceutique pour en avoir le quasi monopole. Mais d’une part, elles posent des problèmes d’éthique évidents dans le cadre de maladies graves. On va donner un faux traitement à des malades qui pourront en mourir. D’autre part, elle présente de nombreux biais très problématiques sur le plan scientifique. Par exemple, les patients qui acceptent d’y participer ne sont pas représentatifs de l’ensemble des malades parce qu’ils savent, bien entendu, qu’on pourra leur donner un placébo.
Donc ils ne vont pas forcément y participer. Les données sont plus hétérogènes et donc les effets comparés au groupe contrôle sont beaucoup moins clairs à interpréter. Pire que ça, plusieurs travaux ont montré depuis longtemps – en 2000, donc déjà 22 ans – que les études observationnelles sont plus fiables que les études randomisées parce qu’elles comportent moins de bruit statistique.
C’est dans les travaux de J. Contecato et collaborateurs publiés dans le prestigieux New England Journal of Medicine, en le vieille an 2000, déjà.
Je m’arrête un instant sur ce point parce qu’il faut rappeler ô combien tous ces nouveaux méthodologistes du dimanche, comme Enthoven typiquement, sont venus réciter ce mantra du double aveugle comme de bons petits soldats, mais sans rien n’y connaître en réalité.
Et c’est toujours ça, le problème. Ils s’y connaissent en récit, mais ils ne s’y connaissent pas en réel. Et si connaître un récit, c’est beaucoup plus facile que de s’y connaître en réel. En fait, la plupart des traitements utilisés en infectiologie ont été validés par des études observationnelles. Mais exiger un double aveugle multicentrique, c’était garantir qu’aucun petit laboratoire ne pourrait proposer de solution. Et pour enfoncer le clou, une étude multicentrique réalisée en double aveugle par la docteur Maïa Cortez et son équipe au Mexique, avait observé qu’un médicament homéopathique était plus efficace que le placébo et même que le Prozac sur la dépression.
Mais là, soudainement, le double aveugle n’est plus si génial que ça, puisqu’on lui a demandé de bien vouloir rétracter son article sans aucune raison valable, selon le professeur de médecine Michael Frass du CHU de Vienne. En bref, l’hystérie du double aveugle favorise déloyalement l’Industrie pharmaceutique, évidemment.