My take:
La protection du vaccin contre la transmission était modérée mais non négligeable tout au long de l'année 2021 (contre les variants d'origine, Alpha et Delta), malgré la baisse après 4 à 6 mois, constatée depuis mai 2021. Si les études liées à l'AMM faites par les labos ne traitaient que de l'impact des vaccins sur les formes symptomatiques / graves et de leurs effets secondaires (rien d'anormal pour une AMM), les études observationnelles qui ont suivi ont rapidement confirmé cet impact sur la transmission. C'était donc plutôt une bonne stratégie en 2021 de pousser la vaccination à toute la population, après avoir ciblé les personnes fragiles lorsque les doses étaient plus rares, car les bénéfices individuels (pour se protéger des effets secondaires du virus, dont la mort mais pas que) étaient supérieurs aux risques associés, ET car les bénéfices collectifs (à cause de cet effet sur la transmission) existaient bel et bien.
La stratégie zéro-covid a quant à elle commencé à être mise à mal en France avec l'arrivée du variant Delta en mai 2021, plus contagieux, et qui aurait nécessité de pouvoir maintenir pendant plusieurs mois une couverture vaccinale "fraîche" (< 4 mois) sur quasiment toute la population, le tout en complément de l'application d'un minimum de gestes barrières. Mais ça ne veut pas dire pour autant que la vaccination dans toutes les tranches d'âge est devenue une mauvaise option à ce moment, car elle a permis de ralentir le rythme des contaminations et donc de soulager les hôpitaux lorsque la situation était critique. 50% de transmissions en moins (ordre de grandeur), même si ça ne suffit pas pour éradiquer l'épidémie, c'est quand même un sacré bonus sur le nombre de formes graves qui auraient pu s'ensuivre. Sans compter que même les jeunes adultes faisaient des séjours à l'hôpital, donc la protection élevée contre les formes graves justifiait elle aussi leur vaccination, quand bien-même cette population mourrait très peu du virus.
Le variant Omicron, devenu majoritaire en décembre 2021, a réduit l'intérêt collectif de la vaccination chez les personnes les moins à risque du fait de l'échappement immunitaire qui lui est associé et qui a entraîné une baisse d'efficacité des vaccins (notamment en transmission), mais aussi du fait de sa bien plus faible virulence, qui a considérablement réduit la pression sur les hôpitaux malgré une contagiosité plus élevée. C'est l'apparition de ce nouveau variant qui a déclenché l'allègement des mesures sanitaires et la levée du passe vaccinal, pas un changement de stratégie suite à un constat d'échec.
Donc en dehors des nombreuses incohérences dans le discours politique (champ d'application du passe, impact de la dose de rappel sur les conditions d'obtention, etc.) et des quelques "latences" entre l'application de certaines mesures et l'évolution de la situation sanitaire (intégration de la dose de rappel dans les conditions d'obtention du passe vaccinal à peu près en même temps que la supplantation de Delta par Omicron, pas ouf), leur stratégie n'était pas incompatible avec les recommandations de l'OMS et l'évolution de la situation.
Après, est-ce que le passe sanitaire / vaccinal était la meilleure solution, je n'en sais rien, probablement pas. Déjà parce que la notion de "meilleure" n'a pas vraiment de sens quand on compare des dimensions orthogonales (ex : économie VS saturation hospitalière VS contraintes sanitaires). Aussi parce qu'on manque d'éléments de comparaison. Mais il est à mon sens indiscutable qu'elle a eu un impact positif net sur la couverture vaccinale généralisée au moment où elle représentait un bon levier pour soulager la pression hospitalière.
Cependant, la question du passe, plus politique que scientifique, quoi qu'on en pense ne justifie pas toutes les absurdités qu'on peut encore lire, ici et ailleurs, de la part de ceux qui relaient la communication des "opportunistes de la crise", qui ont surfé sur la vague de désinformation pour faire parler d'eux, en France comme ailleurs, au détriment de la crédibilité "perçue" des références sanitaires comme l'OMS et les agences nationales de santé.
Donc, entre autres, non, la vaccination des jeunes femmes (et plus généralement de toute la population éligible, mais c'était pour rebondir sur les messages précédents) ne représente pas un risque "absolu" plus élevé pour elles que le bénéfice individuel associé. Et le bénéfice collectif était encore suffisant il y a 1 an pour que l'ensemble justifie a minima une forte recommandation de les vacciner. Aujourd'hui le bénéfice individuel reste en faveur de la vaccination dans toute la population éligible, mais il n'est plus justifiable de la pousser de manière aussi forte.
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