Je n'ai jamais été un joueur "débilement agressif" de Magic, comme on nous conseille souvent de l'être. Depuis que je joue, et depuis que j'ai acquis un certain niveau, j'ai toujours eu à cœur de participer à des games conviviales où les noobs avaient leurs chances et ressortaient avec le sourire, prêts à devenir clients de WotC à leur tour. Après bien des années et des décennies de jeu, j'ai fini par identifier ce qui me fait kiffer à Magic, et bien c'est d'étudier les cartes. Je ne crache par sur une bonne bataille rangée ou une bataille de contres, bref de la compétition à l'état brut, batailles que je gagne assez souvent pour continuer à apprécier le jeu (et étant bon perdant, je garde presque toujours un bon souvenir des mes parties), je ne crache pas non plus sur l'aspect "collectionnite" (même si je crache sur les foils), mais pour moi : rien ne vaut le plaisir d'étudier longuement chaque carte, ses interactions avec le reste du deck et son impact sur le méta.
Je vais la faire courte ou essayer. On est ici pour étudier les cartes, pas pour flanquer des roustes au tout-venant (ni d'ailleurs pour finir sur des 0-20). Un exemple tiré de mon expérience avec
Mayael l'Anima. JE SAIS, c'est un vieux deck qui va pas forcément vous séduire, mais c'est mon tout premier Commander et j'y suis attaché sentimentalement, donc c'est un bon exemple de ce que je veux dire. Combien de nuits blanches ai-je pu passer à me demander si je devais packer avacyn's pilgrim, bloom tender ou sylvan caryatid, à retourner le pour et le contre de chaque option en fonction de la courbe et du méta ? Et oui,
Bloom Tender est de loin supérieur aux autres mais j'ai pris plaisir à analyser ma courbe pendant de longues heures pour savoir si rentrer un elvish mystic supplémentaire ne pouvait pas être un meilleur choix. Cette étude du méta et de la courbe, vous savez sûrement de quoi je parle, preuve que vous êtes tous des joueurs expérimentés, voilà la source principale de mon plaisir de jeu.
Toujours dans Mayael, j'avais acheté au départ une base de carte "staples" pour commencer à construire le deck. Quand je suis tombé sur
Yavimaya Elder, je me suis aussitôt dit "
Krosan Tusker serait pas juste mieux à la place dans ce deck ?" Et je suis sortie des sentiers battus pour rentrer Krosan Tusker, qui était évidemment un meilleur choix. Par la suite, j'ai regretté qu'il n'y ait pas plus de bêtes Cycling pour Mayael. Il y a bien le
Rannet des vallées mais je ne l'aime pas trop. J'ai donc packé quelques 5/5 pour 5 "pour pas whiffer". Et là encore ! Combien de longues nuits à comparer les avantages de
Terror of the Peaks,
Lyra Dawnbringer et je sais plus quoi d'autres (celui qui me retrouve la suite de la liste, je lui offre une pomme). Finalement, j'ai pris Lyra mais bref, des fois je mets les deux.
Un dernier exemple pour montrer que si l'étude des cartes est concomitante à l'aspect stratégique et compétitif (et purement mathématiques) du jeu, c'est aussi le cas pour l'aspect Lore du jeu ! La connaissance de l'art et de l'histoire des cartes s'étudie tout aussi bien et avec autant de plaisir. Pour exemple, dans mon deck Macar (je n'ai pas beaucoup de decks, entre 20 et 40 decks que je joue), j'ai longuement médité sur
Koskun Falls. A l'évidence, ce n'est pas une mauvaise carte dans le deck, sans être ultime puisque si vous ne payez pas l'upkeep elle est sac... Donc relativement nulle, et surtout, me disé-je, un
Oblitérateur phyrexian me défendrait BIEN MIEUX des assauts adverses. C'est une évidence. Mais le dessin est tellement beau, la carte ira vraiment jamais dans aucun autre deck mieux que dans Macar, c'est sûr ! Que je l'ai laissée. J'ai même cherchée sur internet ce qu'était Koskun, testé la carte pour voir si elle était "jouable" ou trop nulle en vrai, etc... Et donc, voilà. Etudier les cartes, tester le méta, valider sa courbe, chercher des interactions aussi bouffonnes soient-elles, un vrai plaisir pour moi.
J'espère ne pas être le seul à voir le jeu ainsi, ou du moins autrement que comme un truc "compétitif" car ce débat m'exaspère. J'ai plus de sympathie pour les collectionneurs de beaux dessins (tant qu'il sont assez fous pour m'acheter mes foils 4x la valeur réelle de la carte, hihi).
Tout ça pour dire que chacun voit midi à sa porte et que si certains donnent de nous l'image de vieux poivrots dégueulasses qui prennent plaisir à malmener des débutants, à les voler et à leur vendre des communes au prix de mythiques sous prétexte qu'elles brillent, il y a aussi des sorciers qui cherchent envers et contre tout à monter des decks basés sur une carte qui leur a parlée, comme le Séraphin de Ice Age fut le cas pour moi (carte au demeurant tellement nulle) et que ces joueurs sont nombreux ! (et d'autres sorciers qui proposent des combos impliquant des fourreurs gobelins - enfin il y a de tout, quoi!)
Merci d'avoir lu.
Bon jeu à vous !
Y.