Pour le coup c'est un sujet qui mériterait d'être vraiment discuté, mais il faut pour cela sortir de l'idée qu'il s'agit de morale.
Il ne s'agit pas de morale, il s'agit de technique et d'économie.
Le label bio est un cahier des charges qui :
-Autorise ou interdit un certain nombre de substances : elles ne sont pas interdites ou autorisées en fonction de leur dangerosité connue ou supposée, mais en fonction de leur aspect plus ou moins "naturel".
Par exemple, les engrais dits "chimiques" sont interdits parce qu'ils ne sont pas "naturels", même s'ils ne présentent pas de nocivité particulière (il s'agit des formes chimiques que les plantes utilisent comme nutriment, on les trouve donc partout dans la "nature").
A contrario le sulfate de cuivre est autorisé même s'il est extrêmement nocif, et qu'une fois un sol contaminé au cuivre il n'est pas décontaminable (le cuivre est un métal lourd, une fois dans un sol il n'en bouge plus et dézingue complètement la flore fongique). C'est son aspect "naturel" et traditionnel qui justifie son autorisation.
Dans certains cas, des substances "chimiques" sont autorisées faute d'alternative techniques (antiparasitaires en élevage ruminant, pleins de produits "chimiques" en arboriculture, ...)
-Impose des normes liées au bien-être animal : tant de m²/brebis, tant de poulets/m², accès à l'extérieur, etc. C'est presque toujours déterminé en fonction des normes "conventionnelles", pour faire mieux qu'elles.
-Impose des contraintes techniques diverses et variées (fréquence de certains traitements, interdiction des hormones sexuelles en élevage ruminant, ...).
-Encadre les transferts de biomasse entre exploitations bio et non-bio. Je ne connais pas le détail et il est possible d'obtenir des dérogations dans un grand nombre de cas, mais en gros il s'agit de restreindre les transferts du conventionnel vers le bio (paille, fumier, alimentation animale, semences, ...).
Ce qui est très critiqué, c'est le manque de cohérence du cahier des charges d'un point de vue technique. Il repose trop souvent sur des considérations irrationnelles, et sur les conséquences de ce manque de cohérence (alimentation animale mal maîtrisée, prolifération de mauvaises herbes, faible productivité, ...).
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