Y a plusieurs choses qui peuvent expliquer un taux de mortalité plus élevé dans un pays. La moyenne d'âge compte mais n'est pas le facteur le plus significatif (un peu quand-même). A priori, les deux principales sont :
- la saturation du système hospitalier ;
- un taux de diagnostic plus faible.
J'ai pas les chiffres exacts, mais il me semble avoir lu que 20% des cas sont des formes aiguës, et 5% nécessitent au moins 1 jour de ventilation artificielle. Si le système est largement surchargé, la létalité est donc censée tendre vers 5% (personnes qui ne peuvent pas survivre sans ventilation artificielle). Moins le système est surchargé, plus on peut réduire le taux aux cas les plus sévères (généralement les patients déjà malades ou affaiblis / les plus âgés), a priori jusqu'à un taux de 0,5% (10 fois moindre).
La saturation conduit aussi à contaminer des patients qui viennent pour une autre maladie par des patients atteints du Covid-19 (mauvais confinement, etc.), et donc plus de personnes fragiles (potentiellement insoignables) atteintes.
Le taux de diagnostic on n'en parle pas beaucoup, mais à mon avis c'est un des facteurs les plus importants. Un pays qui ne diagnostique que les patients qui se rendent à l’hôpital avec des symptômes sévères (ou qui manque de tests, comme les États-Unis), c'est un pays qui va sous-estimer son taux de contamination, et donc surestimer la létalité. En réalité il y a probablement beaucoup plus de contaminés en Italie que ce qu'on peut lire - et donc la létalité est en fait un peu surestimée.
Effectivement, la réanimation ça ne concerne pas que les vieux. C'est surtout que les moins fragiles s'en remettent beaucoup mieux (quand ils sont pris en charge...). Y a probablement plus de chances d'avoir besoin d'une prise en charge hospitalière au delà d'un certain âge, mais pas tant que ça. Les urgentistes ont d'ailleurs déjà pour consigne en cas de saturation de privilégier la prise en charge des personnes avec le plus de chances de s'en sortir - donc les plus jeunes.
A noter qu'en France la répartition géographique n'est pas uniforme non-plus : il y a beaucoup plus de cas dans le grand Est. Ils seront donc les premiers à subir la saturation, comme en Lombardie. C'est donc là bas que le taux de mortalité devrait être le plus élevé, au moins au début de la flambée.
Et enfin, ouais, l'objectif n'est plus de stopper l'épidémie, mais de la ralentir. Difficile de dire si elle touchera 10, 40 ou 70 % de la population totale, mais il ne faut plus espérer l'arrêter à quelques dizaines de milliers de cas. D'ici 3 mois ça se chiffrera en millions, probablement bien avant d'ailleurs. Les estimations donnent en France au mieux 30000 morts (avec un taux de mortalité de 0,5% et 10% de la population touchée), au pire 2 millions de morts (avec un taux de mortalité de 5% et 70% de la population touchée). C'est dire l'importance de ralentir l'épidémie.
A titre de comparaison, la grippe saisonnière c'est 2 à 6 millions de cas chaque année (environ 3 à 10% de la population) et 5000 à 10000 morts (létalité de 0,1 à 0,2%).
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