manau a écrit :
n'oublie pas que ce sont des profs de français et de philo qui font les sujets. Ces profs, avec tout le respect que je leur doit, ils sont dans leur monde.
Il va être difficile de faire croire que Natacha Polony [Master 2 de poésie ; Agrégation de lettres] est "dans son monde" après lecture de l'article qui vient d'être donné en lien. Par ailleurs, vouloir donner aux élèves des textes trop proches d'eux semble être parfois un écueil :
Premiers émois littéraires autour de romans ambitieux – « Les travailleurs de la mer » d’Hugo dont les aventures et l’héroïsme enthousiasment les élèves. Premier écueil aussi lorsqu[e Natacha Polony] aborde le « Jaurès » de Brel, un texte repris par le groupe de musique Zebda. « J’imaginais susciter leur intérêt. Résultat : un bide total » explique-t-elle avant d’analyser : « j’ai commis l’erreur qui consiste à croire que l’on peut racoler les élèves en collant à leur identité. Au contraire, nous devons leur donner accès à ce qu’ils ne connaissent pas ».
Elle prône également
Citation :
l'acceptation du « mauvais » rôle joué par l’école, celui qui consiste à demander aux élèves de retenir des choses dont ils ignorent encore l’utilité.
Je crois moi aussi que quand on est élève au collège / lycée, on n'a pas le recul nécessaire pour savoir ce qui est utile ou pas. Je crois de plus que même si on voulait enseigner aux élèves "ce qui va leur être utile", malheureusement on n'a pas la boule de cristal qui permettra de deviner ce qui va être utile dans 10, 20 ans. Ainsi, enseigner un savoir "permanent" et une réflexion généraliste semble être, il me semble, la bonne solution. J'espère ainsi répondre à la critique
jeandoozz a écrit :
Moi je voulais dire "qui reflète les intérêts d'une certaine classe sociale", en gros, si les rolex et le yachtching étaient au programme, je trouverais pas ça moins élitiste :p
Car, malgré ce que tu sembles croire, ce n'est pas du tout parce que ça intéresse les "classes sociales favorisées" qu'on apprend des "auteurs obscurs". Non parce que soyons sérieux, les classes sociales favorisées, elles ont tous ces auteurs obscurs en intégralité pléiade chez eux, et le feront lire à leurs gosses qu'on l'enseigne ou pas à leurs mômes. C'est précisément parce que c'est intéressant en soi, pour tout le monde, qu'on l'enseigne. Ton parallèle avec les bateaux et les montres de luxe est donc au minimum déplacé et inapproprié.
Par ailleurs, il y a apparemment une incompréhension, mais néanmoins quand tu écris
jeandoozz a écrit :
un savoir qui ouvre vers des formes de pensée qui permettent de sortir des impasses que nous proposent baudelaire vs newton, un savoir qui justement nous pousse non pas à connaître mais à comprendre
J'y lis que Baudelaire et Newton nous proposent la connaissance sans la compréhension, d'où ma question. Après tu dis "je n'ai pas du tout dit ça". J'ai trouvé la ficelle un peu grosse, mais je veux bien croire que c'était simplement que ta première phrase avait été écrite trop rapidement. A contrario, quand monsieur Sarkozy dit pile à la suite "migrants" et "terrorisme" avant de dire "oui mais bon faut pas faire l'amalgame hein, d'ailleurs je ne le fais pas". Mais lol, bien sûr que si vous faites l'amalgame monsieur, et dire que vous ne l'avez pas fait explicitement ne vous dédouane nullement de l'avoir fait plus qu'implicitement... Bon, lui, il avait bien réfléchi a sa phrase et avait fait bien exprès de les mettre à la suite, donc c'est un autre contexte. Mais tu vois ce que je veux dire : attention aux implicites dans ce qu'on dit néanmoins (même si je reconnais qu'à mon tour j'ai exagéré, je sais bien que tu ne penses pas que les maths / le français ne servent à rien).
En tout cas je comprends très clairement dans ton discours que tu trouves que les maths et la littérature ont une place bien trop grande dans l'école. Je peux néanmoins, pour tous les exemples que tu as cités, te dire qu'un débat éclairé peut avoir lieu avec les élèves sur ce thème, en maths ou en français. Par ex. quand on fait des statistiques avec les élèves (je le reconnais, c'est un peu nouveau dans les programmes, tu n'as sûrement pas eu ça), c'est le bon moment pour éclairer les élèves sur ce qu'on peut faire dire aux nombres dans la vie de tous les jours, faire attention aux pourcentages, analyser finement ! Ensuite je ne suis pas expert en lettres, mais je crois bien que tout un tas d'auteurs largement reconnus ont écrit des choses plutôt intéressantes sur les thématiques que tu proposes. Donc étudier leurs textes ne devrait pas te sembler inutile ? (par ex. Montesquieu "
De l'esclavage des nègres" qui est vraiment très bien car niveau argumentation et subtilité, on est servis ; et quand on voit que la plupart des élèves loupent le fait que Montesquieu est contre l'esclavage, car ils loupent la phrase d'intro, tu te dis que ça ne peut pas leur faire de mal de leur apprendre à bien lire un texte... ne serait-ce que pour bien lire les textes / bien écouter les discours des gens auxquels ils vont être confrontés.)
Il me semble d'ailleurs que dans sciences humaines et sociales il y a humaines, et donc il me semble que la littérature, l'histoire, la philosophie éclairent déjà tous les élèves de leur point de vue ? En fait tu répètes depuis le début que toutes les matières n'apprennent pas à réfléchir pareil, mais je ne comprends toujours pas ce que tu veux dire car tu ne donnes toujours pas d'exemple concret de capacité de réflexion qui serait propre uniquement aux matières que tu souhaiterais voir plus (je dis bien plus, parce qu'elles y sont déjà - au risque de me répéter - à partir de la 2de, pour tous) à l'école, et qui ne sont pas développés dans les autres disciplines.
Alors bien sûr, Ultor, je suis d'accord avec toi:
Ultor a écrit :
parler d'"orgasme mathématique" pour le cycle trigonométrique, bizarrement, ça n'a pas fait beaucoup d'adeptes ^^
Evidemment, si le prof parle comme ça face à une 30aine de gamins de 15 ans (cercle trigonométrique : fin de 2de), alors il va juste se faire moquer par tout le monde. N'empêche que c'est l'une des premières fois où tu comprends vraiment le nombre pi ; qui au passage ne peut pas être taxé d'inutile.