Nightwish : Angels fall first
Concours Saint-Valentin 2008
écrit par serraangel


      Quelque part dans Dominaria, se trouve un royaume méconnu, qui abrite entre autres bizarreries, un château désert.
Au sommet de la tour la plus haute, se tient fièrement un drapeau blanc avec 3 points rouges en son milieu. Personne ne sait d'où vient ce drapeau, ni qui l'y a mis, et c'est d'autant plus bizarre que le drapeau de ce royaume est blanc immaculé.

Un jour, en ballade, le roi aperçoit le château et est surpris de voir que 3 points rouges viennent tâcher le drapeau censé représenter son royaume. Il décide alors de s'arrêter pour rétablir le drapeau qui se doit d'y figurer. Au début, tout va bien : il rentre dans le château, les escaliers sont un peu abrupts, mais tout semble normal. Tout à coup , les murs se mettent à se mouvoir et des épines sortent de partout. Il se bat, se blesse, mais arrive néanmoins à se défaire de ces agressions et arrive au sommet de la tour. Dans un dernier effort surhumain, il enlève le drapeau maculé de rouge pour y mettre celui qu'il avait apporté à la place juste avant qu'une force immatérielle ne le défenestre. Avant d'entamer sa chute, le roi lance un dernier regard sur le drapeau. Sur son drapeau blanc se trouvent les 3 tâches rouges à l'emplacement des 3 points du drapeau enlevé.


Les ultimes secondes s'écoulent... les yeux ouverts mais le regard vide, la bouche cherchant encore un ultime souffle, voici l'instant final qui arrive : le dernier battement de cœur avant la mort, avant que le corps du roi ne se fracasse contre les rochers dix mètres plus bas, quand soudain...

Une force mystérieuse sortie du néant enveloppa le roi, le retint et le hissa au sommet de la tour. S'immobilisant les cheveux hérissés, le roi se retourna alors pour scruter l'obscurité, sonné, désorienté et effrayé. Dans un premier temps, il n'eût aucune idée de ce qui venait de lui arriver. Une fraction de seconde d'angoisse le saisit, un moment se passa avant qu'il ne puisse reconstituer la succession des événements. Quand il y parvint, il eût la conviction d'être mort.

Soudain, un bruit retentit à quelques pas de lui, répercuté par la pierre. Difficile d'en identifier la provenance. Le frôlement d'un tissu lui signala une présence juste derrière lui. La poitrine oppressée, son rythme cardiaque accusant une accélération de dizaines de battements minute, le roi retint son souffle et attendit. Il sentit sa présence avant même de la voir. Ce parfum envoûtant, il le reconnaîtrait parmi mille, ce silence qui accompagnait chacun de ses déplacements. Le roi cligna des yeux, essayant d'ajuster son regard dans l'obscurité et soudain...

Dieu tout puissant ! C'était impossible et pourtant cette clarté soudaine et cette silhouette... C'était bien elle ! L'étonnement du roi était grand devant cette vision dont le souvenir réveillait tant de choses en lui. Le démon de la vérité ! L'ange déchu, l'ange déçu. Un nœud lui étreint la gorge. Une hallucination, il devait être victime d'une hallucination due à sa grande frayeur.

Et pourtant non, il allait bien avoir affaire au mystère le plus profond n'ayant jamais existé dans toute l'histoire de Dominaria. Il allait enfin savoir pourquoi cette magic-ville avait été le théâtre d'un événement des plus palpitants, déclenchant l'intérêt de ses habitants et révélant une vérité profonde et des plus capitales. La Vérité !!!

Devant ce phénomène aussi énigmatique que mystérieux, le roi fut épouvanté. Rouge jusqu'à la racine des cheveux, les narines dilatées, il transpirait visiblement d'effroi et se mordillait les lèvres nerveusement. Un pli profond se creusait de sa bouche à son menton tendu en avant, lui donnant un air terrifié.

Elle se dirigeait vers lui majestueusement. La pâleur de son visage en rehaussait l'éclat. Elle avait une expression emprunte de tristesse, une impression de vulnérabilité et une flamme de vengeance dans les yeux. Une ombre plus sombre que le spectre de la nuit. Le cœur d'une ténèbre conquérante. Elle avait les yeux d'un brun vaporeux saupoudrés de vert. Aussi attrayante de près que de loin, remarqua-t-il distraitement. Il accrocha son regard, elle se détourna. Cette proximité la contrariait.

-Comment allez-vous Majesté ?
-Pas mal pour quelqu'un qui a vu la mort en face. Mais je ne recommencerai pas ça tous les jours !


Elle avait toujours apprécié ses pointes d'humour. Elle l'observa avec attention, il n'avait pas changé depuis tout ce temps. Elle lui fit signe de s'asseoir d'un geste gracieux.

-Si vous êtes là aujourd'hui, c'est parce que je vous y ai fait venir. Cela fait tellement longtemps que j'attends ce moment. Il y a un temps pour tout sous les cieux. Après avoir passé du temps à haïr, j'ai pris le temps pour me taire, je vous ai laissé le temps de chercher à percer ce mystère. Nous en sommes venus au temps des explications.

Je faisais partie de votre royaume, je me bornais à participer avec assiduité, entrain et humour à la vie magic-villienne, en essayant de rester sympathique. C'était là une activité tranquille et je dirais même agréable. Des amitiés plus poussées sont même nées peu à peu.

Mais les anciens s'étaient regroupés et insinués en installant leurs cellules dans chaque quartier. Craignant un débordement d'activités de certains, ils avaient leurs postes d'espionnage et leurs mouchards jusque dans le cabinet particulier de votre majesté. Vous leur aviez vous-même confié le soin de faire régner l'ordre et le calme à votre place, étant trop occupé à restaurer la ville et à y refaire un nouveau décor. A quoi sert l'apparat s'il ne fait que cacher la misère ?


Le roi interrompit le récit pour allumer un cigare. A la vive lueur de la flamme, l'ange remarqua un tic nerveux qui lui tordait le coin droit de la bouche et revenait toutes les quelques minutes. Ce mouvement donnait à son visage une expression inquiète. Le roi commençait à comprendre qu'il avait manqué à tous ses devoirs, et à se rendre compte de son manque d'agissement envers ses hommes de paille. Il fit signe à l'ange de reprendre son récit.

Il était difficile pour elle d'exprimer exactement son ressenti, ce silence auquel elle avait dû faire face, la lâcheté de tous les habitants qui ont préféré garder le silence sur les injustices plutôt que de partir en croisade contre la violence des sbires du rois. Cette imperméabilité des responsables devant laquelle ses nerfs s'étaient ébranlés. Elle avait préféré quitter la ville et échafauder sa vengeance machiavélique.

Elle passait chaque jour à savourer toute la joie que lui procurait la seule présence de ce drapeau en haut du château dominant Dominaria et effrayant un à un les habitants qui n'osaient même plus sortir.

« Tout m'afflige, me nuit et conspire à me nuire » Cette formule magique qu'elle avait prononcée était entrée en vigueur afin de maintenir le mystère entier et interdire l'accès au château à quiconque d'autre que le roi lui-même pour y découvrir enfin son secret.
Elle était devenue une musicienne exercée qui d'un coup d'œil suivait toute sa partition. Mais aujourd'hui était venu le temps de pardonner. Il lui était indifférent de sortir grandie de ce récit, ce qu'elle désirait c'était laver les insultes, les mensonges et les calomnies qu'elle avait subis et qui l'avaient blessée. Elle voulait affronter les ombres du passé. Oublier ces hommes en qui la colère s'était accumulée sans qu'ils puissent la décharger sur rien d'autre ni personne qu'elle.

Le roi se ramassa sur lui-même comme un chat qui va sauter. Il venait de voir que ce qu'il prenait pour des ronds sur le drapeau étaient en fait 3 cœurs rouges transpercés d'un poignard. Trois cœurs qui correspondaient aux affronts essuyés par l'ange. Rouge comme passion, rouge pour l'amour et la haine, rouge pour la guerre. Il se mit à trembler de tout son corps et s'écria dans un sanglot :

- J'ai transgressé l'un de mes principes. Je me suis laisser à ignorer une chose grave. Je ne suis pas morose, je suis amer. Voici venu le temps de la paix. C'est à moi de vous présenter des excuses au nom de tous les habitants de Dominaria. Je dois apprendre à chacun à travailler dur. A progresser. A ne tuer personne. Je dois insister pour que chacun soit aimable et ait de la considération pour les autres parce que nous sommes tous dans la même galère. Ayons donc des pensées paisibles et aimons-nous. Quand on ne sait pas où aller, il faut y aller et le plus vite possible. Et si vous me le permettez, j'y vais de ce pas.

Un sourire éclaira le visage de l'ange et à ce moment sur le drapeau disparurent les 3 cœurs ensanglantés et le drapeau blanc immaculé de la reddition se remit à flotter sur la ville dont la devise devint :

Que les anges te conduisent au Paradis
Que les martyrs t'accueillent à ton arrivée
Que les anges en chœur te reçoivent
Que tu puisses jouir du repos éternel