Le retour du pro player 2
Reloaded
écrit par Matthias D.


      Voici la suite de mon précédent article qui a bien fonctionné (i.e. rapporté du fric). Et quand ça marche, on fait une suite, tout le monde sait ça à Hollywood. Et comme toutes les suites, elle se doit d'être encore plus spectaculaire avec plus d'effets spéciaux, des cascades époustouflantes, 25% de sexe censuré en plus et encore plus de gags moins drôles. C'est parti !!


Argh, ça y est, ça recommence : ce soir j'ai un FNM de grande envergure au Toys'R'Money de Chateauvilain sur la route de Succieu (38).
Mon réveil sonne, je l’avais mis en suspend pour 15h. Je combote futal et t-shirt monocolor et je topdecke mon portefeuille dans la commode. Je discarde l’escalier et meule quelques billets dans le larfeuille de mon père. Quand j’atteins le seuil (de la porte), je suis carrément all-tap !

Avec mon score impressionnant à mon dernier tournoi, j'ai placé la barre haute tel Appolon se brûlant les ailes au Valhalla. Mais cette fois-ci j'ai bien dormi et mon estomac sera plein, tel le Gargantua de Molière au banquet des Danaïdes. Je vais leur en mettre plein la gueule à mes adversaire, tel Rocco… euh, non rien.



Y va y avoir du spore !


Ce soir j'ai toutes mes chances contre Jean-Kevin car c'est le plus beau format : le paquet scellé.
Jean-Kevin ne pourra pas faire son malin avec ses decks champions du monde et sa collection de bilands foils obtenus grâce à sa supériorité financière.
Au fait, je ne vous ai pas encore présenté Jean-Kevin.

Jean-Kevin est mon ami depuis la 5e, c'est lui qui m'a appris à jouer et qui m'a arnaqué mes premières cartes quand j’achetais des boosters.
Jean-Kevin, ou Jean-Ké comme on l'appelle souvent, n'a pas eu une enfance facile.
Né en 1991 d'un père stérile et d'une mère décédée 2 ans avant sa naissance, Jean-Ké est un enfant seul et se retrouve sans famille dès l'age de 6 mois lorsque son père décède brutalement dans un bête accident de taille-crayon.
Confié à la DDASS, Jean-Ké subit les taquineries quotidiennes de ses petits camarades qui l'enferment régulièrement dans le congélateur du réfectoire où l'oxygène vient vite à manquer.
Jean-Ké est un passionné et il se donne à fond dans toutes ses activités, que se soit Magic, sa collection d'agrafes usagées ou la généalogie.
Mais Jean-Kevin n’a pas toujours eu de la chance. Suspecté de complot contre le gouvernement américain alors qu’on retrouve un camembert en plastique dans ses bagages à la douane New-Yorkaise, Jean-kévin est arrêté par le FBI et est enfermé dans les geôles de Guantannamo. Au bout de 18 mois de détention, il sera finalement rapatrié en France par le gouvernement américain qui lui offrira des actions eurotunnel en guise de dédommagement pour ce léger malentendu.
Pourtant Jean-Kévin se bat, il aime la vie et tente d'en profiter pleinement, lui qui a déjà eu 2 leucémies et un cancer du col de l'utérus. La vie ne lui a pas fait de cadeaux mais il garde confiance en l'avenir et fait preuve d'un optimisme permanent. D’ailleurs, la providence lui sourit parfois : alors qu'il a récemment abîmé les dents du pit-bull de son voisin avec son visage, son voisin a décidé de ne pas porter plainte.

Mais je pense, je pense et l'heure tourne. Il est temps d'y aller !

Je descends (en bas), mets ma casquette (sur ma tête) et mes chaussures (aux pieds).
Je monte dans la voiture (une saxo tuning) et pousse le volume du poste (30000 Watts) à fond : j'écoute "There's a Beat in my Sleep", un CD (gravé) de David Betta.
Je grille 2 feux (rouges) et klaxonne une gonzesse, arborant fièrement le flambeau de la délicatesse et la subtilité qui va si bien avec mes jantes chromées...

Bon d'accord, j'avoue, c'est ma mère qui m'amène en Twingo en écoutant Nostalgie sur le poste radio/cassettes 2 x 5 Watts...

Notez ici l'anachronisme sur mon précédent report où je conduisais mon propre véhicule alors que je suis sensé être mineur. Mais bon, on mettra ça sur le compte de la vieillesse. D’ailleurs, si vous pouviez éviter de noter les anachronismes à l’avenir, ça serait pas plus mal !

Ma mère me dépose au coin de la rue et je finis à pied, dignité oblige. J'arrive enfin devant le magasin Toys'R'Money qui organise le FNM. Quand je vois tous les joueurs présents ce soir, je sais que cette fois je vais finir Top 8, pas parce que nous ne sommes que 7, mais parce que je suis empli de l'intime conviction que ce soir, personne ne peut me battre !





N’essayez pas de faire ça chez vous !


Je salue mes potes :
- slt, komen sava ? chui o také, pa vou ?
Jean-Kevin risque de ne pas vous répondre car son statut est : occupé(e).
Mon pote Stéphane est là aussi, mais on l’appelle Stef, parce que s’t’un gars brillant, et Pierre-François-Etienne, qu'on appelle sakekusek en référence au manga, est aussi ici, assis soucieux sur son sac.
- Alors Stef, il parait que tu deckbuildes pas mal en ce moment ?
- Ouais, pas plus tard qu’hier j’ai fait une tentative de aggro/combo basée sur Cephalid snitch et une tentative de suicide.
Pierre-François-Etienne me lance :
- Viens, on va faire quelques échanges en attendant que ça démarre.
Je repère un petit avec un biland, je l'embrouille et je lui échange contre un babar, une carte plus de son age.
Je fais aussi un deal avec un vieux collectionneur de 24 ans prénommé Paulin. Je lui échange 2 Force de volonté (un contresort pour 5 manas... lolmdr) que je sortais je sais pas d'où contre une Guivre autochtone. Je suis fier d'avoir arnaqué plus vieux que moi !
Ensuite je tombe sur un habitué des tournois. Je ne le connais que de vue mais je sais qu’il est bien classé dans l’Isère et il a même déjà fait Bottom 8 lors d’un QPT.
- T’as des cartes à l’échange ? lui demande-je.
- Ouaip, j’ai même un truc rare, une carte"Michelin de la Côte d'or", dit-il avec un sourire en coin.
Moi qui collectionne les créatures légendaires, je flaire tout de suite la bonne affaire. Je lui échange contre 2 Wrath Of God textless (trop bidon, on ne sait pas ce que ça fait).
Quand il me donne la carte, je réalise que c’était finalement un mauvais plan et que mes Wraths sont perdues : c’est la déroute !

Au passage, je vous donne des petits conseils pour vous qui avez beaucoup à apprendre d'un joueur comme moi et de ma grande expérience de presque 2 ans (7 mois très exactement).

Conseil N°1 : toujours profiter de l'ignorance des plus ignorants (les petits) pour faire des affaires, c'est Jean-Ké qui me l'a appris ; il fait toujours preuve d'un courage exemplaire pour extorquer des cartes à plus faible que lui.

Finalement, l'organisateur nous appelle et quelle surprise puisqu'il s'agit d'une organisatrice. Habillée aux couleurs de Toys'R'Money, la trentaine bien avancée, l'air aigrie et les traits tirés, célibataire déçue des hommes, elle a un air qui dit "vite, mon utérus se périme !". Elle s'appelle Hortense, c'est écrit sur son badge.



Quand je vois Fernande...


On paie, on s'inscrit, on s'installe et Hortense nous distribue nos boosters pour le draft.

J'ouvre mon premier booster... que dalle ! Paulin qui est à ma gauche voit mon air dépité et me balance :
- Magic c'est comme un boite de chocolats, tu paies cher la boite pour finalement très peu de bons chocolats dans le lot.
Ca ne m'avance pas ; je ne sais vraiment pas quoi prendre : y a un oiseau 0/1 qui fait du mana, une carte avec un petit couteau devant une lune (je ne regarde même pas ce que ça fait tellement le dessin est moche), une carte qui détruit toutes les créatures y compris les miennes, un terrain qui fait piocher 2 mais défausser 3, bref que des trucs inutiles. Finalement je prends un gros thon pour être tranquille : Whiptail Moloch.
Sur le deuxième booster, j'ai un peu plus de chance et je prends Pouce de Krark first pick les doigts dans le nez au profit de 2 terrains qui font 2 points de dégâts et un artefact qu’il faut sacrifier pour faire 3 manas.

Au moment d'ouvrir mon 3e booster, je m'aperçois qu'il n'y a pas de 3e booster et que personne n'a fait tourner les siens à part moi. En fait nous n'étions pas entrain de drafter mais nous avions juste reçu des boosters en cadeau et mon voisin de droite s'est éclipsé avec les miens que je lui ai malencontreusement donnés...
C'était sûrement pour ça qu'il fallait payer une inscription de 50 euros.

Encore un tournoi sans mon deck...
Je demande à l'organisatrice quel est le format. Elle me répond que c'est 50 euros l'inscription avec 2 boosters offerts et un chèque cadeau de 10 euros pour le vainqueur.
Je lui demande quel est le niveau d'application des règles et si on aura des byes à gagner et le k-value. Elle répond que si tout le monde est sage, on ouvrira un paquet de bonbons à la fin.

Mais heureusement un joueur de mon niveau sait toujours rebondir, je me monte donc un deck rapidos avec mon classeur de cartes à l'échange.
Je goldfishe dans mon coin et je gagne presque à chaque fois. Une stratégie se dégage clairement : si l'adversaire ne pose pas de terrains, j'ai des chances raisonnables de gagner. Il faut donc que j'assure ma supériorité numérique en terrains, j'en mets une trentaine main deck et j'en ajoute 15 en side pour être tranquille.
Comme je connais bien toutes les techniques de Magic, je base ma stratégie sur le card advantage avec la liste ci-dessous :

[T2] UG Control par crampe
29 Terrains
6 Île enneigée
6 Île
4 Bassin d'élevage
4 Forêt enneigée
4 Forêt
3 Immensité terramorphe
2 Quartier fantôme
4 Créatures
4 Oiseaux de paradis
38 Autres Sorts
2 Babiole de Mishra
2 Étoile chromatique
4 Boomerang
4 Retard
4 La fin de l'automne
4 Déférence
4 Heure révélatrice
4 À la recherche de demain
3 Abrogation
3 Recherche compulsive
2 Harmonisation
2 Nouvelles
Cartes de la réserve
8 Île
6 Forêt
1 Montagne



Je n’ai mis que des cartes jouées dans les top 8 des pro-tours : impossible de perdre.

Je fais le point avec mes potes.
Jean-Kevin joue le deck champion du monde de l'année dernière customisé à sa sauce puisqu'il a remplacé les îles par des îles enneigées. Il ne fait pas les choses à moitié !
Quant à Pierre-François-Etienne, il fait le mickey avec son espèce de mini white splashé à 70% vert, un Gaz et Glaires.

Le tournoi commence enfin, sauf pour Pierre-François-Etienne qui a payé son inscription avec un faux billet et qui part sous les bras du vigile dans l'arrière boutique.



Quand cet homme s’endort avec l’anus qui le gratte, il se réveille avec le doigt qui pue...



RONDE 1 :
Je tombe contre le gars qui m'a piqué mes boosters. Mais comme il s'est barré, Hortense me colle une défaite.


RONDE 2 :
Mon adversaire est un noob et je sens que je vais encore pouvoir en profiter. Dès le départ il me pose un gobelin enragé et attaque avec. Je me fous immédiatement de sa gueule puisqu'il ne sait pas que les créatures ne peuvent pas attaquer quand elles viennent d'arriver en jeu.
De mon côté je démarre fort avec un Territoire des Gruul que je pose en 1er pour ne pas remonter de terrain dans ma main, puis je pose un Meurtrisseur du clan Psora avec lequel j'attaque pour qu'il gagne ses marqueurs +1/+1 et comme ça mon adversaire est déjà à 17.
Avec ce genre de joueur, je vous laisse imaginer comme j'ai facilement gagné toutes mes manches.
Mais comme il s'agissait du neveu d'Hortense, elle me colle une défaite.

Conseil N°2 : toujours mépriser quelqu'un qui connait mal les règles. Comme disait Pierre de Coupbasrtin "Si tu ne sais pas jouer alors tu te dopes, comme tout le monde !!"



Trop de sexe dans ce report : Dieu est en colère !


RONDE 3 :
Je tombe sur un gars nommé Fidel, en hommage à un chef d'état communiste. Evidemment, il joue un deck rouge, de communes : un casse-terrains. Le comble c'est qu'il est apparemment américain.
Il me lance un regard belliqueux et me dit :
- Je vais te mettre l'arrière train en dessous du niveau de la mer (à lire avec l’accent, celui que vous voulez).
- Pas de coup bas ! nous lance Hortense qui l'a entendu.
Sur la première manche, je pioche ce qu'il faut mais je n'arrive pas à me développer car Fidel casse trop mes terrains (tout ça pour cette vanne foireuse, mais bon, c'est une suite, je vous avais prévenu !).
- Ha, Vanne, ça me semble fumeux ton affaire, me lance-t-il à propos de la ndla.
Il est complètement à côté de la plaque mais me dégoûte car il gagne quand même. A un moment donné, Fidel se trompe, j'en profite pour essayer de tourner à mon avantage ce match important et j'appelle Hortense :
- Mme Hortense, il a triché !!
- C'est pas vrai, rétorque-t-il, il a tort !
- Fidel dit qu't'as tord, tu réponds quoi ? me balance Hortense.
(Je sais qu’il y avait des jeux de mots très poussifs dans mon précédent report mais je n’ai pas peur de faire pire.)
Mais comme il ne comprend pas parfaitement le français, j'en profite pour raconter à Hortense que nous avons fait match nul.
Brusquement, un pote au ricain, Gérald, intervient comme une fusée pour défendre Fidel :
- Vous n’allez pas croire ce cochon et tout c’qui n’a dit ! fit-Gérald.
Hortense est apparemment en colère contre nous et nous colle une défaite à moi et à Fidel.
Bien fait, pourriture communiste !

Conseil N°3 : toujours saisir une occasion de tourner des erreurs subtiles en sa faveur. De toute façon l'essentiel à Magic, c'est d'obtenir un maximum de cartes, quitte à devenir malhonnête, et de gagner un maximum de parties, quitte à devenir con.


RONDE 4 :
Pour cette dernière ronde, je tombe contre Hortense et je joue à Magic contre le sexe faible pour la première fois. Elle joue dent et ongle.
C'est la croix et la galère : elle a une moule pas possible. Elle connaît bien les règles et me sort périodiquement des extraits des Comp.
Je me fais finalement laminer par une gonzesse, une vieille en plus. Ma virilité en prend un coup ; je me consolerai ce soir en regardant des clips de Kyoto Bedroom.




Contresort, les travelots adorent !


Finalement c'est Hortense qui remporte le tournoi en finale contre Paulin. Paulin a concédé le match parce qu'Hortense a accepté de lui filer son numéro.
Alors qu'Hortense va nous chercher les bonbons en guise de consolation et le vigile en signe qu'on doit foutre le camp, Paulin me dit d'un air déçu :
- Si j'avais eu le choix, j'aurais préféré jouer étendu contre elle.
J'ai tout de suite compris que je ne comprenais pas. C'est vrai que c'était n'importe quoi au niveau format : j'ai vu un gars qui jouait 5 rats implacables (c'était moi d'ailleurs).

Je finis 9e et Jean-Kévin 7e ex-aequo avec le gars qui m'a piqué mes boosters. Je suis un peu déçu ; j'ai l'impression qu'Hortense m'avait un peu dans le collimateur, surtout depuis que je l'ai appelée "la vieille".

Nous sortons enfin retrouver la lumière du jour qui nous éblouit tellement qu'il faut plisser les yeux pour voir qu'il fait nuit.

Bon là j'avais écris un passage sur Pierre-François-Etienne qui revient de l'arrière boutique avec une haleine sentant la semence masculine mais finalement je me suis censuré.
C'est dommage parce qu'il y avait beaucoup d'action, du suspens, des effets spéciaux mais aussi une scène d'amour très torride.




WotC vous le dit, le kamasoutra n’a qu’à bien se tenir !


Ma mère vient me chercher avec 3 heures de retard parce qu'elle n'avait rien compris à mon SMS... la vieille peau ! Je lui dit qu'elle se dépêche de renter pour pas rater la télé ; ce soir y a l’émission musicale Secret Loft Tentation : les célibataires re-décorent leur maman.

Encore une belle journée qui s'achève à Chateuvillain. Vivre dans l'Isère, c'est vraiment la... joie.



De la violence et du sexe : les clefs du succès



* Les +
- Un billet de 20 euros et une gourmette "Jean-Kévin" trouvée dans la poche d'une veste
- Pas trop de -

* Les -
- Jean-Kévin qui a perdu le peu d'argent qui lui restait pour finir le mois et sa gourmette, seul souvenir de son père
- Pas tellement de +



P.S. : Si vous avez décelé des allusions sexuelles dans ce report, je vous conseil de m’envoyer vos économies.