Invitational 2006 Writer's Pick


      Marseille, France, le 7 Février 2006, 0h30 :

A l’issue d’une soirée pitoyablement calme, digne d’un début de semaine ultra-mou, je m’apprête à sortir mon e-poubelle qui commence s’amonceler depuis quelques jours dans Outlook, quand une force probablement surnaturelle m’empêche d’enfoncer la touche “Suppr”, puis me prend par les cheveux et m’oblige à focaliser sur une serie de messages en particulier:

- No problems with erections. Generik Viagra.
- Build your million dollar empire
- 2006 Magic Invitational Writers' Vote
- Having trouble gaining muscle mass?

Le contenu de l'un de ces message provoque en moi une envie complètement urgente de le partager avec un congénère, même un à moitié conscient. Ce qui m’amène à mini-réveiller Laetitia, qui est ma copine en même temps que la seule personne dans la pièce, pour lui déclarer, en essayant de faire pétiller mes yeux au maximum : “Wizards me demande d’élire un joueur pour l’Invitational.”

Complètement subjuguée par la nouvelle, elle répond : “L’invitaquoi ?”

Et je me lance dans l’explication de toute l’histoire, depuis les origines, il y a 10 ans, du all-star game de Magic, réunissant les légendes du jeu, avec au bout du compte, une carte à l’effigie du vainqueur. Je lui explique qu’il y a 16 joueurs invités, qu’un de ces joueur sera élu par un vote des plus célèbres journalistes de Magic, et qu’on vient de m’annoncer que j’ai été choisi pour faire un Top 5 parmi une liste donnée, afin de produire tout ça dans un article où j’expliquerai mes choix. Je rajoute que de ce fait, si mon top 5 contribue à faire passer un joueur qui gagne le tournoi, j’aurai laissé ma trace à tout jamais dans le jeu et les enfants me reconnaîtront dans la rue en disant “Regarde, c’est le type qui a contribué à faire élire le gars qui est sur le nouveau spoiler complètement broken”.
Et puis je me laisse retomber dans mon fauteuil, fier comme un pou, laissant son admiration s’épanouir dans le silence, qu’elle finit par rompre immédiatement avec la question : “Mais tu les connais assez ces types pour écrire un article ?”

[salut, je suis une grosse seconde d’hésitation, et je succède à une question horriblement angoissante]

“Pfff ... bien sûr” dis-je en me replongeant fébrilement dans mon écran, acte significatif de mon désir d’en rester là sur cette conversation pour laquelle j’ai soudainement cessé de nourrir un quelconque intérêt, et je détaille, terrorisé, la liste suivante :

Tim Aten, Jeff Cunningham, Antonino De Rosa, Gerard Fabiano, Tsuyoshi Fujita, Sam Gomersall, Mark Herberholz, Craig Krempels, Osyp Lebedowicz, Masashi Oiso, Neil Reeves, Jeroen Remie, Tomoharu Saitou, Tomi Walamies, Gabe Walls.

J’en arrive très rapidement à la conclusion que pour sept d’entre eux, je peux mettre un visage sur un nom, trois autres me parlent vaguement et pour être honnête, cinq me sont parfaitement inconnus.

Avec le critère de sélection bien en tête, à savoir “Best combination of talent and personality”, je passe donc les jours qui suivent à trier le net avec tous les moteurs de recherche connus de l’homme, à lire une chiée d’articles sur Magic, de reports de matchs, de listes de top 8 et à harceler toutes les personnes que je croise pour savoir à quel age Mark Herberholz a été propre et ce que Gerard Fabiano prend au petit déjeuner. J’en profite pour remercier Olivier Ruel et Sylvain Lauriol, dont les révélations fumantes auront été les seules à calmer mes sanglots durant cette période difficile.

Une fois ce flux chaotique de données avalé, je me repose dans la nature de l’esprit quelques jours, attendant patiemment que des noms surgissent de ma transe.









Dans la liste ci-dessous des tournois au cours desquels Masashi Oiso a fait Top 8 en 2005, une erreur s’est glissée, sauras-tu la retrouver ?
PT Columbus, PT Londres, PT Le Puy-en-Velay, GP Beijing, GP Kitakyuushuu, GP Niigata, GP Taipei, GP Matsuyama, GP Boston.

Masashi Oiso aurait été mon premier choix même s’il avait la personnalité d’une balle de tennis. Celui que beaucoup de pros considèrent comme le meilleur joueur de la planète a tout simplement eu une trop grosse saison 2005 à mon gout pour ne pas participer à l’Invitational, finissant 3ème joueur de l’année, en ayant manqué le pro tour Philadelphie pour raisons personnelles. Bref, si vous faites un tournoi où Oiso participe, il n'y a plus que 7 places à prendre.




“On va manger avec l’équipe. Kai vient pavoiser avec ses nouvelles lunettes de soleil, et j’ai soudainement envie de rentrer en Finlande” - Report PT Venise

Tomi Wallamies ne joue quasiment plus à Magic dans le circuit professionnel, mais son top 8 au PT Londres 2005 est tout ce qu’il me fallait pour le propulser à la deuxième place de ce top 5. Dans la vie, Wallamies a délaissé Magic pour entamer une carrière de comique professionnel du genre one man show, et on a eu la chance qu’il nous gratifie d’articles qui sont un mélange irrésistible de stratégie, d’humour caustique, d’absence de langue de bois et d’implication politique. Et la cerise sur le gateau, c’est que même au top de sa carrière de joueur pro, il a toujours refusé d’écrire des articles payants, pour que le plus grand nombre puisse y avoir accès, ce qui, sans aucune critique à l’encontre de ceux qui touchent de l’argent pour ça, demeure un geste très très classe.





“Je suis le champion du Japon et j’ai gagné à Bangkok. C’est son tour de remporter un grand tournoi” - après avoir concédé une demi-finale de GP à Morita

Si vous avez joué avec ou contre des jeux comme Gob Bidding, Rats ou Boros deck wins, alors Fujita a fait momentanément partie de votre passe temps favoris. Il est l’un des constructeurs de deck les plus respectés du globe, et ses résultats ou ceux des gens qui jouent ses decks ne se comptent plus. Et pour résumer en quelques mots le caractère du joueur, il a concédé une demi-finale de Grand Prix a son ami Morita, avec un matchup en sa faveur, parce qu’il voulait le voir gagner un grand tournoi, alors que personnellement, dans un cas similaire, j’aurais roulé sur ma propre mère.





“ [...] donc, la prochaine fois que vous jouerez contre Gabriel Nassif, Nicolai Herzog, Olivier Ruel ou n’importe quel autre Pro européen de renom, imaginez-le en slip et tout devrait bien se passer. Et si c’est un Pro américain, ne vous inquiétez pas, vous le battrez probablement de toutes façons. [...] ”


Osyp est tout simplement le type le plus rigolo qui ait jamais traîné ses guêtres dans notre jeu favori et si ses résultats se font rares ces derniers temps, il n’en demeure pas moins productif sur le web. Qu’il s’agisse d’un report de tournoi ou de sa rubrique “Ask Joe Black”, vous êtes sûr d’y trouver un brassage unique de mensonges, de mauvaise foi et de moqueries diverses, le tout accompagné d'une forte teneur en auto-dérision. Ses textes font aujourd'hui partie intégrante de la culture "Magic", au même titre que les Comprules et la Storyline.





La première fois que j’ai aperçu Remie, c’était au GP Lyon, inratable même au milieu d’un millier de personnes, avec son gabarit imposant et un bon 5kg de chaînes dorées munies de gros symboles “dollar” autour du cou. J’imagine que si tous les Pros se fringuaient “Gangsta style”, ça finirait par devenir ultra bizarre, mais un peu de couleur et de bonne humeur sur un tournoi, ça change du côté introverti autiste qui éloigne les femmes des rendez-vous Magic. Non content d’être une star remarquée sur les lieux de tournois, le hollandais est également un auteur prolifique sur le web, qui a énormément fait partager son talent à la communauté ces dernières années.



Voilà, vous connaissez mes choix et leurs raisons. Cela dit , ce n'est pas cet étalage de stars plus sympathiques les unes que les autres qui m'empêchera de revenir sur un chauvinisme primaire pour le mot de la fin :

GO OLI !! GO !!