Cher Darkent,
A titre liminaire, sache que, bien que nous soyons sur le Oik, dernier lieu où le troll doit être admis sur MV selon moi, je ne cherche aucune querelle. Mes réponses ci-dessous ne seront que sincérité et bienveillance.
Aussi, sache que mon absence de réponse à certains de tes propos ne vaut pas capitulation mais approbation. Je ne vois aucun intérêt à te répondre quand nous partageons la même opinion.
Citation :
Darkent a écrit :
Quand on réflechis à la politique économique à l'échelle d'une nation, on ne dois pas tomber dans le pathos et dans diverses formes de compassions/pitié ou penser avec son coeur.
Il faut réfléchir avec son cerveau : On a telles données sur la table, on veut un système viable, souhaitable et réalisable.
Le rôle du politique c'est de devoir prendre des mesures et opter pour des solutions parfois dures mais nécessaires, quand bien même les mesures ne font pas plaisir à la majorité.
Certaines mesures ne sont pas faites pour être populaire. Les données macroéconomiques changent en permanence et le confort d'un temps peut très facilement être balayé par de nouvelles données qui rentrent en jeu.
Le peuple ne voit que son propre intérêt et son propre confort, sans regarder ce qui est viable et réalisable, il ne regarde que ce qui est souhaitable.
Le peuple se garde bien de savoir ce qui fait que notre système social obèse reste "réalisable", la plupart des français n'ont aucun idée de ce que représente le déficit budgétaire et les risques qu'ils provoquent à long terme.
Je m'attendais à une réponse plus profonde et moins consensuelle de ta part. On dirait du Machiavel façon ChatGPT.
Citation :
Darkent a écrit :
Encore une fois je ne comprends pas l'obsession généralisé pour ça et je l'ai exprimé sur ce topic (ou ailleurs je ne retrouve plus).
Il faut être stupide et naïf pour croire qu'un compromis était possible.
Les syndicats ont dit "on discute mais pour les 64 ans c'est mort, on bouge pas". Ceci alors que Macron a basé sa réforme sur le fait de repousser l'âge légal de départ à 64 ans.
« Naïf » et « stupide ». Je faisais précisément référence à ce type de vocabulaire quand j’évoquais ta morgue et tes provocations.
Ensuite, tu ne comprends pas cette « obsession généralisée » pour la présence des partenaires sociaux dans cette réforme car je suppute que tu ignores le rôle que la loi et l’histoire sociale leur ont donné.
Si tu as une vision jacobine de la politique, sache qu’elle est désuète en droit social depuis près de 30 ans. L’Etat a en effet abandonné son pouvoir normatif absolu en droit du travail. L’édiction des normes en droit du travail est passée d’un pouvoir exogène (autorité étrangère au monde du travail) à un pouvoir endogène (acteurs du monde du travail).
Ce changement de paradigme conduit à raisonner en
légitimité de la norme car les pouvoirs publics estiment que les acteurs sociaux ont une légitimé supérieure à celle du Législateur (procès des élites, défiance des hauts-fonctionnaires, des privilégiés qui n'ont pas de légitimité pour légiférer sur le monde du travail, valorisation des acteurs locaux au plus proche du marché du travail, développement des micro-entreprises).
En parallèle, le droit du travail français a connu un mouvement de
personnalisation de la norme. Les normes ne doivent plus être les mêmes dans les différents secteurs d'activité car les salariés et les entreprises n’ont pas les mêmes besoins, les mêmes objectifs, les mêmes contraintes et les mêmes aspirations.
Ces deux mouvements ont abouti à une consécration et à un renforcement du rôle des
partenaires sociaux, c’est-à-dire les représentants des salariés ET des employeurs afin de concilier les intérêts des acteurs du marché du travail. Pour atteindre cet objectif, l’Etat a donné divers outils aux partenaires sociaux :
- Les conventions collectives,
- Les accords de branche,
- Les accords d’entreprise.
Tiens-toi bien, en 2018, Macron a adopté une loi pour confier aux partenaires sociaux la mission de définir les conditions d’octroi, la durée et le montant de l’indemnisation de l’assurance chômage. Preuve que dans ce pays, les partenaires sociaux jouent un rôle majeur.
Si je me suis permis ce détour, c’est pour te faire comprendre que la méthode brutale de Macron sur l’adoption de la réforme des retraites va à rebours des principes fondamentaux du droit du travail. Outre le boycott des partenaires sociaux, Macron s’est assis sur la légitimité de la norme (PLFSS rectificatif, article 47-1, article 49 al 3, etc …) et sur la personnalisation de la norme. Jupiter n’a pas fait dans le détail. Il a imposé sèchement. En l’état, la retraite sera à 64 ans pour tout le monde, qu’importe la pénibilité, le secteur concerné, le nombre d’enfants, etc … C'est grotesque et lamentable de faire travailler le même nombre d'années une infirmière et un télévendeur.
Citation :
Darkent a écrit :
A cause des 2542578254574 amendements déposés par la NUPES dans l'unique but de parasité le débat démocratique.
Je te rejoins sur l’attitude déplorable de la NUPES depuis … sa création :) !
Néanmoins, je suis contraint de te faire remarquer que ta réponse est erronée.
La France Insoumise a finalement
retiré ses milliers d’amendements sous pression de … Philippe Martinez et Laurent Berger (salauds de syndicalistes !).
Le Parti Communiste avait fait de même en retirant ses
350 amendements.
Citation :
Darkent a écrit :
Utilisation d'un outil constitutionnel qui est mal compris par l'opinion publique.
Le 49.3, comme Duhamel le dit si bien, dois se comprendre de cette manière : Pour cette réforme, je ne veux pas risquer le vote de l'assemblée étant donné qu'il n'y a pas de majorité claire, du coup, je fais adopter cette loi moi même en métant en gage mon gouvernement avec la motion de censure.
Donc on brule une étape classique pour la remplacer par un vote-sanction des députés en mettant en gage le gouvernement ainsi que l'entièreté de son projet politique.
Tu me cites Duhamel, pourquoi pas. Moi je te citerai Michel Debré, coauteur de la Constitution de la Vème République :
« En réalité, il n’y a pas d’assemblée souveraine. La seule souveraineté, c’est le peuple. Et le Président de la République, fait appel à lui en cas de conflit. Il n’y a pas de méthode plus démocratique et plus libérale si l’on veut rester dans un régime de liberté. »
L’article 49 alinéa 3 est évidemment un passage en force dès-lors qu’il soumet les députés à un chantage : l’adoption de la loi disputée ou la risque de perdre son siège après la dissolution de l’assemblée.
Une seule motion de censure a été adoptée depuis 1958 à cause du risque de déstabilisation. Aussi, si l'utilisation du 49 al 3 est limitée à une fois par session parlementaire (sauf textes budgétaires), c'est bien parce que cela porte atteint à l'équilibre démocratique entre l'exécutif et le Parlement.
Dans ces circonstances, il n’est pas raisonnable de soutenir que les représentants du peuple et que la démocratie ont été respectés. Au lieu de braquer un pistolet sur les députés (moi ou le chaos) et de faire adopter sans vote une réforme impopulaire qui touchera l’ensemble des français, Macron aurait dû appliquer les préceptes de Michel Debré : l’appel au peuple, c’est-à-dire le référendum.
Citation :
Darkent a écrit :
C'est très subjectifs de dire que c'est réussi.
Le mouvement de grève faiblit depuis un moment.
Je suis d’accord, le mouvement social s’essouffle dans la rue depuis plusieurs semaines. Il y a beaucoup moins de grévistes et de manifestants dans les cortèges.
Néanmoins, les chiffres montrent que la réussite n’est pas « subjective ». Il y a eu de grosses mobilisations.
Selon les
chiffres du Ministère de l’Intérieur, il y avait :
- 1,12 millions de manifestants le 19 janvier,
- 1,27 millions de manifestants le 31 janvier,
- 963 000 manifestants le 11 février,
- 1,28 millions le 7 mars --> atteint le record du 12 octobre 2010
Enfin, épargne-moi ton homme de paille selon lequel j’adorerais critiquer les instituts de sondage. Je ne me suis jamais exprimer à leur sujet sur MV.
La suite dans le prochain épisode ...