Certes, j'aurais pu mieux argumenter, moi aussi. Tout à fait d'accord. Alors reprenons :
1. Quand il donne des exemples concrets, actuels, quasiment tout le temps il tire ça des states. Et jamais il n'explique la différence entre les states et la France. Comme je l'ai déjà dit : financement des partis politiques, suffrage indirect, etc. Je veux bien entendre que le système aux states est moins bon, et je suis d'ailleurs assez d'accord (mais en même temps dur de faire bien pour un si gros truc, y'a qu'à voir en Europe on n'est pas foutus de se mettre d'accord pour quoi que ce soit ; oh wait il n'en parle pas de l'Europe, il ne dénonce pas non plus le gros problème de l'unanimité).
C'est un peu facile donc de tirer à boulets rouges sur les states sans expliquer les différences, sans expliquer comment, sans tout révolutionner, on pourrait faire mieux. Je suis entièrement d'accord qu'on peut faire mieux, comme il le dit, avec plus de contrôle... oh wait, c'est dans ce sens là que Françoichou est parti en demandant aux hauts politiques un état des finances avant mandat et après.
Donc je trouve facile sa méthode "c'est pourri, on retourne tout". Il le dit pourtant dans son discours qu'il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain (sans utiliser d'expression), et pourtant il prône l'exact contraire : jetons tout, passons à tel modèle... si en 1h30 sans débat face à quelqu'un d'autre il arrive à se contredire tout seul, je trouve ça un peu fort.
Mon point 2. montrait que son argumentaire ne tient pas du tout. Il nous montre l'exemple de la Suisse où la démocratie "marche mieux", mais il oublie justement de dire que si ça marche mieux c'est que c'est plus petit, précisément, et que donc juste après asséner des "mon idée elle est géniale, elle passe à l'échelle, c'est parfait pour l'Europe" ça n'a pas de sens.
Pour que son système fonctionne il faut que les gens participent, or c'est très compliqué quand on est beaucoup (vas-y, on se donne rendez-vous sur l'Agora ? on a vu par ex. dimanche dernier quand les gens viennent vraiment par beaucoup à l'Agora, impossible d'avancer), mais bon les gens n'ont de toute façon pas le temps (travail). Il dit qu'il suffit que les machines nous fassent travailler moins, et il dit "mais réfléchissez, avec les machines, on devrait travailler 2j par semaine, la retraite à 50 ans, mais oui !"... ce n'est pas populiste ça peut être ? Moi aussi je rêve d'un monde où le travail soit mieux réparti et donc si tlm travaille, chacun travaille moins, et ça en grande partie grâce aux machines. Sauf que force est de constater que ce n'est pas pour demain, et que donc ça ne fonctionne pas son idée. Les gens (la majorité) n'ont pas le temps de s'intéresser à la chose publique.
Enfin dans le paragraphe sans numéro, je montre qu'il idéalise un peu trop son système (il prône le "mais le mec qui sera tiré au sort, il n'y connaîtra rien, mais il saura qu'il n'y connaît rien, du coup son boulot ça sera d'apprendre, il deviendra expert, il prendra les décisions avec justesse et bonté"). Moi aussi j'adorerais que ça soit comme ça. Mais bon, quand on voit avec quel enthousiasme les gens font le travail qu'on leur donne, qu'ils savent faire, je me demande quel enthousiasme ils peuvent mettre à apprendre des choses sur lesquelles ils ne comprennent rien, qui n'a pas l'air de les toucher directement. C'est peut être moi qui suis trop pessimiste, mais quand je vois mes élèves qui n'en ont rien à faire de s'instruire, effectivement, je me permets d'extrapoler un peu et de me dire que peut être que plus tard ils ne seront pas touchés par la grâce et ils continueront leur flemme de s'instruire sur des sujets qui sont un peu trop éloignés de leur quotidien.
Voilà, je trouve que son discours manque de consistance (arguments soit à côté, soit pas d'arguments) et a beaucoup trop d'utopie (alors même qu'il dit que les Athéniens, eux, restaient terre à terre et prenaient en compte la nature humaine pas forcément toute belle). J'aimerais bien moi aussi la moitié des trucs qu'il dit, sauf que faire miroiter ça à des gens qui vont croire que ça va vraiment se réaliser, alors qu'on sait très bien que non, j'appelle ça du populisme. Et s'il est vraiment convaincu que ça va se réaliser alors ok, c'est son droit, et ce n'est pas du populisme c'est juste un dogme, il est prêt à créer sa chapelle comme Raël.
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