J'ai trouvé Arrival cousu de fil blanc. J'ai eu le sentiment d'avoir perdu mon temps comme pour pratiquement tous les films de SF que je m'obstine à voir depuis des années en espérant enfin voir un truc qui m'interpelle. Genre un des derniers truc qui m'a titillé, c'est... Dark City. Ah non, District 9 était pas mal, mais bon c'est pas vraiment un film de SF mais plutôt une critique sociale.
Je suis un gros féru des sciences du langage mais sans me limiter à la sphère orale et écrite du langage humain, donc autant vous dire que j'attendais le traitement du sujet au tournant. Eh ben ce film rejoint chez moi Interstellar et Cloud Atlas dans la catégorie "film qui m'a carrément énervé tellement il nous prend pour des cons".
Comme par hasard, les heptapodes communiquent non seulement avec les mêmes sens, mais aussi sur le même spectre en utilisant des media compatibles en temps réel avec un simple laptop sans interface idoine. C'est limite juste comme s'ils écrivaient en Bitchig ou en Hanzi. Leur physiologie est également trop proche de ce qu'on trouve sur Terre compte tenu des possibilités absolues que pourrait explorer le vivant, d'autant plus que leur confinement derrière leur barrière laisse supposer que leur environnement d'origine est pas mal différent : par exemple qu'ils sont mortels, dotés d'un squelette osseux, de membres articulés et vraisemblablement d'organes, ainsi que d'un truc qui ressemble à une tête. Culturellement, ils connaissent le pointage (montrer un truc du "doigt") et le langage écrit. Un tel concours de circonstances ou de telles coïncidences, pour moi, c'est trop anthropomorphique et ça casse tout l'intérêt d'un film de SF qu'on nous vend comme étant à la fois avant-gardiste et pseudo scientifique (d'ailleurs, kikoo le personnage useless joué par Hawkeye).
Quant à l'exercice temporel, roue de secours ultime pour expliquer tout et n'importe quoi, c'est toujours casse-gueule et ça loupe pas ici. Donc ça met du neuneu émo autour de la gamine histoire de stimuler la sphère émotionnelle à défaut de titiller la sphère philosophique ou celle du raisonnement : ça prouve que non seulement le film ne se donne pas les moyens de surprendre, mais aussi qu'il en a conscience. Il joue donc l'atout émotion. Je parlerai pas du jeu des acteurs, transparents au mieux.
Reste l'aspect divertissement, mais on est comme pour Interstellar à des lieues de 2001, Abyss, ou même Contact (pour n'évoquer que des films grand public histoire de parler de choses comparables).
J'sais pas moi, si les scénaristes et les consultants en xénobiologie (il y en a sûrement au générique) sollicités manquent d'inspiration à ce point, mais qu'ils prennent du LSD, vraiment. Ou qu'on les vire pour embaucher des mecs avec une vraie imagination. Enfin ça c'est dans un monde merveilleux où ceux qui tiennent les manettes ne sont pas des marketeux qui ont juste peur de ne pas réussir à vendre un truc trop watzeuf.
J'attends encore vainement le film de SF dans la continuité de Tarkowsky qui poussera vraiment la SF contemporaine hors des sentiers battus. Et ça commence surtout par sortir d'un gabarit de construction usé jusqu'à la corde (confirmé et rassuré, sans honte aucune, par un cadrage pseudo-scientifique à trois roubles et en mettant l'humain au centre de tout, directement ou indirectement, et un glaçage émo-mes-couilles) et par réellement s'aventurer dans le fantasme.
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